Note de lecture : « Dans le creux de ta Main » de Michèle Reiser.
Il s’appelle Baptiste. Il est beau, riche, célèbre, et son visage s’étale à la une de tous les magazines dits « people ». Elle se prénomme Marie, c’est une femme hyper-active, elle vient d’être nommée à un nouveau poste à haute responsabilité, elle est célibataire et elle a des enfants fruits (ou séquelles, on ne sait trop…) d’une ancienne liaison (enfants dont elle ne s’occupe jamais bien sûr, il y a quand même mieux à faire dans la vie !).
Et devinez quoi ? Ils se rencontrent si, si, et… devinez quoi encore ? Ils connaissent le coup de foudre. Le vrai, celui qui vous bouleverse, qui vous renverse, qui vous traverse le corps et l’âme, celui qui chamboule tout, qui vous fait oublier vos responsabilités, vos engagements, vos réunions, vos enfants, vos rendez-vous super méga importants. Bref, ils s’aiment archi fort mais comme ils sont vraiment modernes ces deux-là, et que, malgré tout, ils n’ont pas beaucoup le temps de se voir, alors ils s’envoient des textos. Vous savez, la version contemporaine des lettres d’amour. Ainsi, alors qu’il est au bout du monde, Baptiste écrit à la belle Marie qui se languit de lui : « Bonne nuit jolie fée, je pense à toi » ou encore, dans un élan de lyrisme éblouissant il tape sur son clavier »que la force soit avec toi et le soleil est pour nous deux ». (Oui, tant pis pour les autres qui devront supporter une éclipse et se geler : après tout la passion sera égoïste ou ne sera pas !) A ces déclarations sucrées des personnages font écho les phrases, sublimissimes et ô combien profondes, de la narratrice laquelle affectionne les métaphores d’une grande originalité et, surtout, d’une force poétique inégalable. Le lecteur apprend par exemple au détour d’une page (je vous rassure, les pages se tournent très vite, très très vite, et c’est écrit très gros…) que Marie « est devenue une île inatteignable » (p. 140) ou encore qu’elle va s’ouvrir « comme le grand nénuphar » (p. 110). Marie, l’île… Marie, le nénuphar. Magnifique, non ? A quand Marie la fourmi, le grain de sable, Marie, le nuage cotonneux, le nem vietnamien, le rouleau de printemps… Presque aussi fort que du Lévy, je vous le dis…
Enfin, surgira dans l’histoire la jalousie, la vilaine, l’immonde adversaire qui mettra le bonheur de ce couple en péril. Et si Baptiste ne répondait plus aux SMS de Marie ? Et si Marie était condamnée à l’abandon ? Horreur ! Infâmie !
Vous l’aurez compris, ce pseudo roman atteint le paroxysme du ridicule, l’acmé du grotesque : histoire insignifiante, totalement inintéressante ; style indigent digne d’une médiocre collégienne ; lyrisme poussif qui ne touchera, et encore, que quelques adolescentes prépubères ; festival de phrases grandiloquentes ; concentré de clichés et d’un sentimentalisme à deux sous. Bref, rien, absolument rien, ne peut sauver ce « texte » (évitons les termes de « livre » ou de « roman », termes que je respecte trop) du naufrage absolu … Un vrai Titanic « littéraire ».
C’est affligeant, de bout en bout…
Un seul point positif cependant : Dans le Creux de ta Main possède un réel pouvoir comique, mais qui s’ignore probablement. Une telle accumulation de bêtises a au moins le mérite de faire rire aux éclats le lecteur… C’est déjà ça !
Dommage, j’aurais tellement aimé apprécier ce volume qui m’a été offert par un être qui m’est cher… mais qui, et cela l’excuse totalement, s’était fié à la réputation d’une maison d’édition prestigieuse à laquelle on doit, Dieu merci, d’autres publications d’une tout autre valeur !
Note : – - -