Archive pour juillet, 2008

A propos de « L’Invitée » : quelques lignes trouvées sur le blog d’une grande amoureuse du théâtre…

Ci-dessous quelques lignes à propos de la pièce L’Invitée

et de sa représentation…

Un grand merci à Michelle pour ces mots qui me touchent

et que j’ai trouvés par hasard…

L’intégralité de l’article peut être consulté à l’adresse suivante :

 http://monsite.orange.fr/theatreamichelle/page1.html

Ce que j’ai vu et que j’ai apprécié ces dernières semaines :
« L’invitée » de Franck Bellucci (éditions Les Mandarines, 2008) par le Théâtre de la Rive, à la Chapelle Saint Mesmin en avril.
En très grande proximité de la scène, j’ai pu apprécier la sincérité du jeu des comédiens. La mise en scène accentue l’exiguïté du plateau par la proximité constante, qui peut être tour à tour contrainte subie pour les personnages ou choix volontaire de leur part : une rupture de la « bulle théâtrale » qui fonctionne parfaitement pour ce huis clos qui dit tout à la fois l’absence d’issue suite à une révélation douloureuse qui détruit le fragile édifice d’une famille et l’ouverture sur un nouveau départ : pour Solange, tout à la fois l’invitée et l’intruse, et pour Claire, la fille emmurée qui brise ses chaînes… (clin d’oeil à Genet ?), mais aussi pour Paul le magnifique désanchanté que Franck incarne magistralement.

 

Note de lecture : « Villa Amalia » de Pascal Quignard, folio.

Ann Hidden a surpris son conjoint Thomas avec une autre femme. Elle se sent donc trahie, perdue, anéantie, abîmée. Sa vie et ses certitudes ont basculé, d’un coup, avec une violence inouie. Aussi ne peut-elle faire autrement que de vendre son appartement, ses meubles; que de jeter tous ses vêtements; que de démissionner de son emploi. Car Ann a décidé de partir. Loin. Le plus loin possible. Oui, elle a décidé de s’évanouir. D’en finir définitivement avec ce qu’elle fut…

Avec Villa Amalia, Quignard renoue avec l’art du récit et avec le romanesque qu’il avait déjà pratiqué en écrivant Les Escaliers de Chambord ou encore le très beau Terrasse à Rome. Loin de théoriser, de disserter et de s’adonner à l’exercice de l’exégèse savante comme il se plait à le faire régulièrement dans ses écrits les plus élitistes, l’auteur se livre ici au pur plaisir de la narration campant avec justesse des personnages complexes auxquels il invente une vie intérieure dense et décrivant à la perfection des paysages magnifiques.  

Villa Amalia dresse aussi et surtout un beau portrait de femme tout en adoptant un mode narratif original qui procède par tableaux, par fragments successifs.

 Ce livre permet également à Pascal Quignard de décliner les thèmes qui lui sont chers tels que la musique ou la création artistique. Mais dans ces pages très réussies, ces motifs sont toujours mis au service d’une histoire troublante, d’une véritable intrigue qui émeut.

Parce que ce texte échappe à l’abstraction intellectuelle ; parce qu’il est marqué par la sensualité, par la chair, par les larmes, par le sang, bref, par tout ce qu’il y a de profondément humain, il touche, il bouleverse le lecteur lequel peut y retrouver l’écho de ses propres souffrances, de ses propres questionnements.

                                             Villa Amalia

                                                   

   Extrait :  (page 88)

   Adossée contre les oreillers tout propres elle regardait le ciel au-dessus des branches dénudées de l’orme.

   Elle contemplait ces morceaux de ciel si lumineux et blancs entre les branches.

   Elle n’avait pas envie de se lever. Elle n’avait pas le courage de préparer les quelques affaires ultimes qu’elle désirait encore emporter. C’était le premier week-end où elle ne comptait pas se rendre dans l’Yonne. Elle resta allongée jusqu’à ce que la nuit tombât.

   L’angoisse revint avec l’obscurité.

   Et l’envie de fuir revint comme son compagnon. Elle était devenue comme le double de l’angoisse qu’elle éprouvait chaque jour au moment où la lumière du soleil s’effondre dans la nuit.

   Toute le nuit, debout, en chemise de nuit de coton, elle rangea, sépara les vêtements, remplit les derniers sacs, remplit toutes les valises disponibles. Elle revint à son lit pour s’écrouler de fatigue et s’endormir d’un coup. Il était cinq heures du matin. Tout était prêt.

                                         

Note : + +                    

Nouvelle critique de la pièce « L’Invitée ».

Ci-dessous une critique de la pièce L’Invitée

mise en ligne le 15/7/2008

sur le site littéraire « Hyllapage » consultable à l’adresse suivante :

           http://www.hyllapage.com

Critiques :  »L’invitée » de Franck Bellucci

Posté par marine le 16/7/2008 1:07:42

Parce qu’il est audacieux d’écrire aujourd’hui du théâtre, la pièce de Franck Bellucci, aux Editions Les Mandarines, attise la curiosité … Quoi de plus périlleux en effet que d’être en concurrence avec pour le commun des mortels, Molière (puisqu’il faut bien le dire, c’est le seul que l’on nous « force » à lire à l’école)? Attardons-nous donc sur l’ouvrage d’un de ceux qui ose donner au théâtre français un souffle nouveau.

Lire du théâtre n’est pas chose aisée, mais l’écrire n’est pas non plus de tout repos. Il ne suffit plus de faire rire, ni même de faire pleurer et encore moins de faire simplement gesticuler de drôles de personnages en costumes d’époque. À bien y regarder, la tâche des auteurs contemporains est peut-être bien plus compliquée que celle de nos dramaturges classiques qui n’avaient « plus qu’à inventer ».
Donner une nouvelle vie à ce genre, autrefois populaire, est une tâche rude puisque, les lecteurs occasionnels, qui ont moult fois pourtant ouvert du Molière, ignorent jusqu’à l’existence d’auteurs contemporains (et ce n’est, affirmons-le à nouveau, non pas leur faute, mais celle des éditeurs peut-être qui considèrent le théâtre comme un genre second, qui bien loin derrière le roman par le nombre de ventes, ne les intéresse pas… – Suppositions, Suppositions – ).

Ainsi donc puisque Hyllapage a eu le privilège de recevoir une pièce de théâtre, c’est avec beaucoup de fierté que la critique en paraît.
Franck Bellucci, auteur de « Ce Silence-là », que nous avons déjà eu le bonheur de lire, se livre donc à nouveau, dans un exercice plus difficile encore à travers « L’invitée ». Sa plume nous avez charmée par sa connaissance de la langue et de la stylistique, mais qu’en est-il de sa pièce?

Une fois de plus, la comparaison avec une œuvre classique par la forme est inévitable tant les modes oratoires des personnages pourraient figurer dans la bouche d’un Sganarelle. Mais notons, qu’il est bien difficile d’user à nouveau un style classique, en y adjoignant un vocabulaire et des préoccupations modernes, sans que pour autant les personnages paraissent ridicules.

L’intrigue de la pièce réside en son titre. « L’invitée », mais qui est-elle? Se pose-t-on véritablement la question? Pas vraiment non, pas dès le début du moins. Cette femme, Solange, est là, elle rencontre la famille de son amant, et assiste à des scènes de vie quotidiennes. Le décor est planté. Même si, à défaut de rentrer directement dans le vif du sujet, Bellucci tourne clairement autour du pot, on ne peut lui en vouloir tant cela semble compliqué de donner envie au lecteur de poursuivre la lecture d »une pièce de théâtre alors même qu’il suffit de regarder sa télévision pour n’avoir plus besoin d’imaginer quoique ce soit et de trouver là, en chair et en images la retransmission d’une pièce sur la France 2. L’effort du lecteur est en effet bien plus grand lorsqu’on lui demande de lire, ligne après ligne, réplique après réplique, scène après scène le théâtre et de se l’imaginer sans même jouir de la dimension visuelle.
Que l’amorce soit difficile et imprécise n’enlève donc pas de charme à cet ouvrage, puisque très vite, l’envie de dévorer la pièce envahit le lecteur.
Dès la Scène 4 pourtant tout s’accélère, les dialogues deviennent prenants, la forme rejoint le fond, et tout n’est que « plaisir et volupté ».

De par l’ambiance qui règne dans cette pièce, on ne peut s’empêcher de penser à Reza, une sorte de compliment, oui! Parce que se séparer des personnages au moment crucial, sans même savoir ce qu’il adviendra est d’une finesse assurée, parce que très justement le style réside en cette façon de tout dire, sans rien dire, « L’Invitée » reste une pièce de qualité.
Que l’on soit érudit ou non, une telle lecture ne peut que donner l’envie de lire encore et encore du Théâtre.

NB: Afin de faciliter une certaine forme de promotion d’une œuvre qui vaut le détour et que vous ne trouverez peut-être pas chez votre libraire habituel , sachez qu’Hyllapage reste à votre disposition.

Nouvelle critique de « Ce Silence-là ».

Ci-dessous, une nouvelle critique du roman Ce Silence-là

mise en ligne le 15/07/2008 sur le site « Hyllapage » à l’adresse suivante :

 http://www.hyllapage.com

Critiques :  »Ce Silence-là », de Franck Bellucci

Posté par marine le 15/7/2008 20:53:57

La plume est charmante au point d’avoir envie, dès les premières pages, de déclamer l’ouvrage à haute voix, de donner une dimension orale à cette prose poétique… et certainement pas, de lire en « Silence »!C’est une fois de plus un premier roman sur lequel Hyllapage décide de mettre la lumière. Premier ouvrage de Franck Bellucci, « Ce Silence-là », est paru en mars 2008 aux Editions DEMETER.

A la lecture des premières pages déjà, un sentiment de soulagement, ou plus justement de réconfort face à un style qui vaut hautement la peine envahit le lecteur. Amateurs de belles lettres – qui se veulent trop souvent antiques – bienvenus!

Peu importe l’histoire tant ce roman fait plaisir à lire; une syntaxe soignée, un vocabulaire riche et précis, un juste choix d’images et de procédés stylistiques; bref une délectation! Cet ouvrage se dévore, oui, même si parfois quelques longueurs nuisent au plaisir.

De plus, l’intrigue, pour ne rien gâcher, apporte son lot de surprises et de subtilités. Hélène infirmière dans un service psychiatrique de province se trouve pour ainsi dire confrontée à un patient énigmatique, qui deviendra très vite, trop vite peut-être son patient. Cette complicité, réelle ou rêvée, mais muette toujours la mène peu à peu vers une douce folie, celle des meilleures aimantes, qu’elles soient mères, sœurs, ou femmes.

Franck Bellucci, en écrivain virtuose, nous offre un point de vue omniscient qui trouve un intérêt certain dans l’alternance de deux genres: le récit narratif externe et le journal intime. Et parce qu’il sait précisément amener le lecteur à remettre en question l’intégrité mentale de l’héroïne que l’on trouve pourtant si touchante, tout en lui accordant le bénéfice du doute, l’auteur nous permet de déguster un savant mélange de réalité et de désir.

Les redondances sciemment orchestrées adjointes à de très beaux rythmes ternaires sont un pur bonheur qui rappellent non sans plaisir une littérature classique.

De nouveau donc, il serait criminel de ne pas vous conseiller cet ouvrage qui est une preuve de plus du talent de certains de nos jeunes auteurs français.

Franc Bellucci nous livre définitivement ici un petit bijou de littérature dont le seul point noir reste la trop faible diffusion.

A quand le prochain?

A Paraître très bientôt: une critique de l’Invitée, pièce de théâtre du même auteur.

Note de lecture : « La Joueuse d’échecs » de Bertina Henrichs, le livre de poche.

   Eleni vit sur son île natale, Naxos, auprès de son mari garagiste Panis et de ses deux enfants, Dimitri et Yannis. Chaque jour, elle se rend à l’hôtel Dionysos où elle travaille depuis plusieurs années déjà comme domestique. Sa vie va ainsi, sans surprise, rythmée par son labeur, ses tâches ménagères et ses marches quotidiennes sous le soleil éclatant de Grèce.

   Mais un matin, alors qu’elle est en train de faire le ménage dans la chambre d’un couple de touristes français, Eleni bouscule par mégarde un échiquier et en renverse l’une des pièces. Elle veut alors réparer sa maladresse. Mais comment faire ? Et où replacer la pièce ? Où se trouvait-elle donc sur ce plateau abandonné par ses propriétaires en pleine partie ?

   Ce petit incident va en fait bouleverser la vie d’Eleni. En effet, encouragée et aidée par son ancien professeur Kouros, celle-ci décide d’acheter un échiquier et se lance, en cachette, dans l’apprentissage long et difficile des règles de ce jeu envoûtant. Alors, petit à petit, la découverte des échecs se fait découverte d’autres horizons, d’une autre vie, la vraie vie, mais aussi découverte de la liberté et découverte de soi.

 Dans ce livre très réussi, Bertina Henrichs raconte avec tact et finesse l’initiation d’une femme, son émancipation, son éveil au monde. Elle décrit également avec drôlerie et émotion une amitié pudique qui va unir contre toute attente deux personnages si différents et pourtant si complémentaires. Enfin, l’auteur réussit à peindre avec un grand talent les couleurs, les senteurs, les bruits et les paysages d’une Grèce authentique, à la fois sensuelle et aride.

 Vous l’aurez compris : ce premier roman, subtil et touchant, écrit avec justesse et sensibilité, est un vrai bijou qui mérite amplement les nombreux prix qui l’ont récompensé.

Un beau livre, à découvrir, sans plus attendre ! Rire

                                                           Note de lecture :

 Extrait :

   Ainsi, l’après-midi suivant, elle chercha une cachette sûre pour son échiquier. Le plateau aimanté permettait de laisser en place les pièces d’une partie en cours. Elle remercia intérieurement son vieux professeur de lui avoir déniché ce modèle. Elle hésita longtemps. Le choix était limité. Elle ne voyait pas où elle aurait pu garder des objets à l’insu de tout le monde. Jamais elle n’avait éprouvé la nécessité de posséder ne serait-ce qu’un meuble personnel. Mais maintenant cette situation s’avérait ennuyeuse. Elle ne pouvait tout de même pas descendre à la cave chaque fois qu’elle entendrait quelqu’un rentrer. Non, il fallait que ce soit un endroit accessible et privé en même temps. Au bout de deux heures de réflexion et d’intense inspection des lieux, elle trouva une idée assez ingénieuse. Elle allait dissimuler le damier dans le congélateur. Aucun autre membre de la famille n’ouvrait ce coffre à glace. Elle amènagerait une surface plane à l’intérieur sur laquelle elle pourrait poser son échiquier en l’espace de quelques secondes. Très contente de sa trouvaille, elle espérait seulement que le grand froid ne nuirait pas aux piles qui alimentaient sa machine » (41-42).

Note : + + +

 

 

Note de lecture : « Hors de Moi » de Claire Marin, éditions Allia.

  Elle est malade. La narratrice est malade. Atteinte d’une maladie rare, invasive, incurable, qui la ronge lentement, multipliant les offensives et décuplant les douleurs de plus en plus violentes et insupportables. Alors, dans un monologue intérieur, elle raconte. Elle raconte les assauts du mal, ses manifestations, ce qu’il dérègle dans la vie sociale, affective, familiale, dans le rapport à soi et le rapport aux autres. Elle raconte ce corps qui n’est plus qu’objet d’investigations médicales, de palpations, de prélèvements, ce corps qui sans cesse se rappelle à elle, qui, petit à petit, la tient prisonnière. Dévastation progressive du corps et de l’esprit.

   Ce texte, présenté comme un roman, est le premier de Claire Marin qui démontre ici une incroyable aptitude à dire ce qui relève le plus souvent de l’indicible parce qu’il n’y a pas de mots assez forts pour dire tant de maux, parce qu’il y a la pudeur encore, et la peur, la honte aussi.

   Sans jamais sombrer dans la complaisance pathétique ni l’exhibition malsaine, mais en gardant au contraire une froide lucidité (la seule qui puisse en vérité faire tenir dans l’épreuve), l’auteur livre ici un récit fort, violent, qui dit la maladie et tous ses désastres dans les moindres détails, comme pour mieux les tenir à distance. Ecrire, raconter, évoquer pour ne pas abdiquer.

   Ce monologue, parfois un peu redondant, peut certes lasser, mais force est d’admettre qu’il décortique avec une rare justesse le processus de la prise de possession d’un être tout entier par un mal terrible. Un mal d’abord ennemi puis compagnon de vie, de survie.

   Et tout cela avec une écriture admirablement maîtrisée.

 

Extrait :

« Les habitudes des médecins ont contaminé toutes les mains. Je ne ressens plus les caresses mais des palpations. Tous les gestes sont traduits, réinterprétés selon les catégories médicales. On ne me touche plus, on m’ausculte. Toute pénétration est une intrusion. Le corps est usé, abîmé par les transformations, les frottements, la peau abrasée par les adhésifs, bleuie par les prélèvements, les ponctions, les perfusions. Cette chair tachetée n’étonne pas les soignants. J’ai l’impression qu’un corps d’enfant turbulent, couvert de bleus à force de tomber et de se cogner partout, s’est égaré dans ma vie. Des bleus d’enfant sur un corps prématurément vieilli. L’ordre des choses est chamboulé. » (p. 107)

 

Note : + +

                                    Hors de moi

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