A propos de « L’Invitée » : quelques lignes trouvées sur le blog d’une grande amoureuse du théâtre…
Ci-dessous quelques lignes à propos de la pièce L’Invitée
et de sa représentation…
Un grand merci à Michelle pour ces mots qui me touchent
et que j’ai trouvés par hasard…
L’intégralité de l’article peut être consulté à l’adresse suivante :
http://monsite.orange.fr/theatreamichelle/page1.html
Ce que j’ai vu et que j’ai apprécié ces dernières semaines :
« L’invitée » de Franck Bellucci (éditions Les Mandarines, 2008) par le Théâtre de la Rive, à la Chapelle Saint Mesmin en avril.
En très grande proximité de la scène, j’ai pu apprécier la sincérité du jeu des comédiens. La mise en scène accentue l’exiguïté du plateau par la proximité constante, qui peut être tour à tour contrainte subie pour les personnages ou choix volontaire de leur part : une rupture de la « bulle théâtrale » qui fonctionne parfaitement pour ce huis clos qui dit tout à la fois l’absence d’issue suite à une révélation douloureuse qui détruit le fragile édifice d’une famille et l’ouverture sur un nouveau départ : pour Solange, tout à la fois l’invitée et l’intruse, et pour Claire, la fille emmurée qui brise ses chaînes… (clin d’oeil à Genet ?), mais aussi pour Paul le magnifique désanchanté que Franck incarne magistralement.
Note de lecture : « Villa Amalia » de Pascal Quignard, folio.
Ann Hidden a surpris son conjoint Thomas avec une autre femme. Elle se sent donc trahie, perdue, anéantie, abîmée. Sa vie et ses certitudes ont basculé, d’un coup, avec une violence inouie. Aussi ne peut-elle faire autrement que de vendre son appartement, ses meubles; que de jeter tous ses vêtements; que de démissionner de son emploi. Car Ann a décidé de partir. Loin. Le plus loin possible. Oui, elle a décidé de s’évanouir. D’en finir définitivement avec ce qu’elle fut…
Avec Villa Amalia, Quignard renoue avec l’art du récit et avec le romanesque qu’il avait déjà pratiqué en écrivant Les Escaliers de Chambord ou encore le très beau Terrasse à Rome. Loin de théoriser, de disserter et de s’adonner à l’exercice de l’exégèse savante comme il se plait à le faire régulièrement dans ses écrits les plus élitistes, l’auteur se livre ici au pur plaisir de la narration campant avec justesse des personnages complexes auxquels il invente une vie intérieure dense et décrivant à la perfection des paysages magnifiques.
Villa Amalia dresse aussi et surtout un beau portrait de femme tout en adoptant un mode narratif original qui procède par tableaux, par fragments successifs.
Ce livre permet également à Pascal Quignard de décliner les thèmes qui lui sont chers tels que la musique ou la création artistique. Mais dans ces pages très réussies, ces motifs sont toujours mis au service d’une histoire troublante, d’une véritable intrigue qui émeut.
Parce que ce texte échappe à l’abstraction intellectuelle ; parce qu’il est marqué par la sensualité, par la chair, par les larmes, par le sang, bref, par tout ce qu’il y a de profondément humain, il touche, il bouleverse le lecteur lequel peut y retrouver l’écho de ses propres souffrances, de ses propres questionnements.
Extrait : (page 88)
Adossée contre les oreillers tout propres elle regardait le ciel au-dessus des branches dénudées de l’orme.
Elle contemplait ces morceaux de ciel si lumineux et blancs entre les branches.
Elle n’avait pas envie de se lever. Elle n’avait pas le courage de préparer les quelques affaires ultimes qu’elle désirait encore emporter. C’était le premier week-end où elle ne comptait pas se rendre dans l’Yonne. Elle resta allongée jusqu’à ce que la nuit tombât.
L’angoisse revint avec l’obscurité.
Et l’envie de fuir revint comme son compagnon. Elle était devenue comme le double de l’angoisse qu’elle éprouvait chaque jour au moment où la lumière du soleil s’effondre dans la nuit.
Toute le nuit, debout, en chemise de nuit de coton, elle rangea, sépara les vêtements, remplit les derniers sacs, remplit toutes les valises disponibles. Elle revint à son lit pour s’écrouler de fatigue et s’endormir d’un coup. Il était cinq heures du matin. Tout était prêt.
Note : + +
Nouvelle critique de la pièce « L’Invitée ».
Ci-dessous une critique de la pièce L’Invitée
mise en ligne le 15/7/2008
sur le site littéraire « Hyllapage » consultable à l’adresse suivante :
Critiques : »L’invitée » de Franck Bellucci
Posté par marine le 16/7/2008 1:07:42
Parce qu’il est audacieux d’écrire aujourd’hui du théâtre, la pièce de Franck Bellucci, aux Editions Les Mandarines, attise la curiosité … Quoi de plus périlleux en effet que d’être en concurrence avec pour le commun des mortels, Molière (puisqu’il faut bien le dire, c’est le seul que l’on nous « force » à lire à l’école)? Attardons-nous donc sur l’ouvrage d’un de ceux qui ose donner au théâtre français un souffle nouveau.
Lire du théâtre n’est pas chose aisée, mais l’écrire n’est pas non plus de tout repos. Il ne suffit plus de faire rire, ni même de faire pleurer et encore moins de faire simplement gesticuler de drôles de personnages en costumes d’époque. À bien y regarder, la tâche des auteurs contemporains est peut-être bien plus compliquée que celle de nos dramaturges classiques qui n’avaient « plus qu’à inventer ».
Donner une nouvelle vie à ce genre, autrefois populaire, est une tâche rude puisque, les lecteurs occasionnels, qui ont moult fois pourtant ouvert du Molière, ignorent jusqu’à l’existence d’auteurs contemporains (et ce n’est, affirmons-le à nouveau, non pas leur faute, mais celle des éditeurs peut-être qui considèrent le théâtre comme un genre second, qui bien loin derrière le roman par le nombre de ventes, ne les intéresse pas… – Suppositions, Suppositions – ).
Ainsi donc puisque Hyllapage a eu le privilège de recevoir une pièce de théâtre, c’est avec beaucoup de fierté que la critique en paraît.
Franck Bellucci, auteur de « Ce Silence-là », que nous avons déjà eu le bonheur de lire, se livre donc à nouveau, dans un exercice plus difficile encore à travers « L’invitée ». Sa plume nous avez charmée par sa connaissance de la langue et de la stylistique, mais qu’en est-il de sa pièce?
Une fois de plus, la comparaison avec une œuvre classique par la forme est inévitable tant les modes oratoires des personnages pourraient figurer dans la bouche d’un Sganarelle. Mais notons, qu’il est bien difficile d’user à nouveau un style classique, en y adjoignant un vocabulaire et des préoccupations modernes, sans que pour autant les personnages paraissent ridicules.
L’intrigue de la pièce réside en son titre. « L’invitée », mais qui est-elle? Se pose-t-on véritablement la question? Pas vraiment non, pas dès le début du moins. Cette femme, Solange, est là, elle rencontre la famille de son amant, et assiste à des scènes de vie quotidiennes. Le décor est planté. Même si, à défaut de rentrer directement dans le vif du sujet, Bellucci tourne clairement autour du pot, on ne peut lui en vouloir tant cela semble compliqué de donner envie au lecteur de poursuivre la lecture d »une pièce de théâtre alors même qu’il suffit de regarder sa télévision pour n’avoir plus besoin d’imaginer quoique ce soit et de trouver là, en chair et en images la retransmission d’une pièce sur la France 2. L’effort du lecteur est en effet bien plus grand lorsqu’on lui demande de lire, ligne après ligne, réplique après réplique, scène après scène le théâtre et de se l’imaginer sans même jouir de la dimension visuelle.
Que l’amorce soit difficile et imprécise n’enlève donc pas de charme à cet ouvrage, puisque très vite, l’envie de dévorer la pièce envahit le lecteur.
Dès la Scène 4 pourtant tout s’accélère, les dialogues deviennent prenants, la forme rejoint le fond, et tout n’est que « plaisir et volupté ».
De par l’ambiance qui règne dans cette pièce, on ne peut s’empêcher de penser à Reza, une sorte de compliment, oui! Parce que se séparer des personnages au moment crucial, sans même savoir ce qu’il adviendra est d’une finesse assurée, parce que très justement le style réside en cette façon de tout dire, sans rien dire, « L’Invitée » reste une pièce de qualité.
Que l’on soit érudit ou non, une telle lecture ne peut que donner l’envie de lire encore et encore du Théâtre.
NB: Afin de faciliter une certaine forme de promotion d’une œuvre qui vaut le détour et que vous ne trouverez peut-être pas chez votre libraire habituel , sachez qu’Hyllapage reste à votre disposition.