Nouvelle critique de la pièce « L’Invitée ».
Ci-dessous une critique de la pièce L’Invitée
mise en ligne le 15/7/2008
sur le site littéraire « Hyllapage » consultable à l’adresse suivante :
Critiques : »L’invitée » de Franck Bellucci
Posté par marine le 16/7/2008 1:07:42
Parce qu’il est audacieux d’écrire aujourd’hui du théâtre, la pièce de Franck Bellucci, aux Editions Les Mandarines, attise la curiosité … Quoi de plus périlleux en effet que d’être en concurrence avec pour le commun des mortels, Molière (puisqu’il faut bien le dire, c’est le seul que l’on nous « force » à lire à l’école)? Attardons-nous donc sur l’ouvrage d’un de ceux qui ose donner au théâtre français un souffle nouveau.
Lire du théâtre n’est pas chose aisée, mais l’écrire n’est pas non plus de tout repos. Il ne suffit plus de faire rire, ni même de faire pleurer et encore moins de faire simplement gesticuler de drôles de personnages en costumes d’époque. À bien y regarder, la tâche des auteurs contemporains est peut-être bien plus compliquée que celle de nos dramaturges classiques qui n’avaient « plus qu’à inventer ».
Donner une nouvelle vie à ce genre, autrefois populaire, est une tâche rude puisque, les lecteurs occasionnels, qui ont moult fois pourtant ouvert du Molière, ignorent jusqu’à l’existence d’auteurs contemporains (et ce n’est, affirmons-le à nouveau, non pas leur faute, mais celle des éditeurs peut-être qui considèrent le théâtre comme un genre second, qui bien loin derrière le roman par le nombre de ventes, ne les intéresse pas… – Suppositions, Suppositions – ).
Ainsi donc puisque Hyllapage a eu le privilège de recevoir une pièce de théâtre, c’est avec beaucoup de fierté que la critique en paraît.
Franck Bellucci, auteur de « Ce Silence-là », que nous avons déjà eu le bonheur de lire, se livre donc à nouveau, dans un exercice plus difficile encore à travers « L’invitée ». Sa plume nous avez charmée par sa connaissance de la langue et de la stylistique, mais qu’en est-il de sa pièce?
Une fois de plus, la comparaison avec une œuvre classique par la forme est inévitable tant les modes oratoires des personnages pourraient figurer dans la bouche d’un Sganarelle. Mais notons, qu’il est bien difficile d’user à nouveau un style classique, en y adjoignant un vocabulaire et des préoccupations modernes, sans que pour autant les personnages paraissent ridicules.
L’intrigue de la pièce réside en son titre. « L’invitée », mais qui est-elle? Se pose-t-on véritablement la question? Pas vraiment non, pas dès le début du moins. Cette femme, Solange, est là, elle rencontre la famille de son amant, et assiste à des scènes de vie quotidiennes. Le décor est planté. Même si, à défaut de rentrer directement dans le vif du sujet, Bellucci tourne clairement autour du pot, on ne peut lui en vouloir tant cela semble compliqué de donner envie au lecteur de poursuivre la lecture d »une pièce de théâtre alors même qu’il suffit de regarder sa télévision pour n’avoir plus besoin d’imaginer quoique ce soit et de trouver là, en chair et en images la retransmission d’une pièce sur la France 2. L’effort du lecteur est en effet bien plus grand lorsqu’on lui demande de lire, ligne après ligne, réplique après réplique, scène après scène le théâtre et de se l’imaginer sans même jouir de la dimension visuelle.
Que l’amorce soit difficile et imprécise n’enlève donc pas de charme à cet ouvrage, puisque très vite, l’envie de dévorer la pièce envahit le lecteur.
Dès la Scène 4 pourtant tout s’accélère, les dialogues deviennent prenants, la forme rejoint le fond, et tout n’est que « plaisir et volupté ».
De par l’ambiance qui règne dans cette pièce, on ne peut s’empêcher de penser à Reza, une sorte de compliment, oui! Parce que se séparer des personnages au moment crucial, sans même savoir ce qu’il adviendra est d’une finesse assurée, parce que très justement le style réside en cette façon de tout dire, sans rien dire, « L’Invitée » reste une pièce de qualité.
Que l’on soit érudit ou non, une telle lecture ne peut que donner l’envie de lire encore et encore du Théâtre.
NB: Afin de faciliter une certaine forme de promotion d’une œuvre qui vaut le détour et que vous ne trouverez peut-être pas chez votre libraire habituel , sachez qu’Hyllapage reste à votre disposition.