Archive pour septembre, 2008

Note de lecture : « Sans Sang » d’Alessandro Baricco, folio.

Extrait :

« Elle essaya de se demander d’où venait cette absurde fidélité à l’horreur, mais elle s’aperçut qu’elle n’avait pas de réponse. Elle comprenait seulement que rien n’est plus fort que cet instinct de revenir là où on nous a brisés, et de répéter cet instant pendant des années. En pensant seulement que ce qui nous a sauvés une fois pourra nous sauver à jamais. Dans un long enfer identique à celui d’où nous venons. Mais clément tout à coup. Et sans sang » (p.121)

 

Ce court texte de Baricco, écrivain qui semble particulièrement affectionner la concision, est vertigineux, fulgurant. Avec une écriture incisive, percutante, il entraîne le lecteur dans un univers d’une rare intensité tragique. Le récit, dans lequel les dialogues jouent aussi un rôle essentiel, aborde la problématique ô combien délicate et fascinante de la vengeance et pose plusieurs questions qui en découlent : ainsi, la vengeance peut-elle devenir légitime ? Est-elle une fin en soi ou un simple moyen convoqué pour survivre malgré tout ? La vengeance de la victime peut-elle rendre possible la rédemption du coupable ? Et la rédemption du coupable peut-elle rendre vain tout désir de vengeance ? Et d’ailleurs, qu’est-ce que le pardon ? Qui cherche-t-on à pardonner, soi-même d’avoir survécu au drame, ou celui qui en est le monstrueux exécutant? Enfin, la victime ne construit-elle pas sa propre identité sur le terreau de l’horreur qu’elle a vécue et ne va-t-elle pas jusqu’à se complaire, parfois, dans l’immondice de ce traumatisme ?

Sans jamais sombrer dans le discours moralisateur, en évitant les pièges du texte théorique ou didactique, Baricco nous confronte par le biais de l’itinéraire d’un personnage poignant à toutes ces interrogations et nous oblige, nous contraint même à nous les poser, à défaut de pouvoir y répondre.

                         Note de lecture :

                              

Note : 7/10               

 

Très prochainement : Nouvelle représentation de la pièce « L’Invitée ».

La pièce L’Invitée sera de nouveau représentée

dans le cadre des rencontres théâtrales de l’ACDC

qui se tiennent actuellement dans le canton de Beaugency.

Très prochainement : Nouvelle représentation de la pièce

                                                  L’Invitée sera jouée

      à la salle des fêtes de Villorceau,

       le vendredi 26 septembre à 20h30.

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(Un dîner de famille qui vire au règlement de comptes…)

Pour davantage d’informations sur l’ensemble des spectacles de la manifestation et pour

un programme détaillé, ouvrir la pièce ci-dessous : 

pdf dans Agenda : dates à  retenir... programmerencontresacdc2008.pdf

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(Une lettre pas comme les autres.)

Note de lecture : « Passage de la Mère morte » de Jean-Claude Perrier.

Souvent la littérature se plaît à sacraliser la figure maternelle, à dépeindre avec émotion une mère idéalisée, parfaite, une mère aimée, une mère forcément regrettée. Oui, souvent la mère écrite et décrite nourrit des pages teintées de lyrisme et de mélancolie.

Avec le livre de Jean-Claude Perrier, il en est tout autrement. Parce que l’auteur raconte avant tout un rendez-vous manqué avec sa propre mère. Parce qu’il évoque une succession de malentendus, de déchirures, de cris et de départs. L’autobiographe convoque alors une succession de souvenirs qui tous montrent à quel point cette mère et lui-même ne se sont pas compris, tout simplement pas rencontrés. De chapitre en chapitre, Perrier narre avec amertume et se souvient avec colère ou indignation jusqu’à en arriver à cette terrible conclusion :  »Tu m’as donné la vie. Te faisant revivre dans ces pages, je te l’ai rendue. Nous sommes quittes. Je peux passer outre. »

Le projet littéraire en question était par conséquent courageux, audacieux et justement original parce que paradoxal. Un tel texte pourrait en effet tirer sa force de ce qu’il dérangerait, agacerait, provoquerait ; de ce qu’il montrerait que les liens du sang ne sont pas forcément les plus forts ni les plus nobles. Assurément, cette démarche qui va à contrario de la (trop ?) commune vénération de la mère aurait pu présenter un grand intérêt.

Mais en vérité, l’objectif ne semble que partiellement atteint et le lecteur ne se sent pas vraiment concerné par ce règlement de compte qui ne le touche pas, qui ne le dérange pas, qui ne le pousse même pas à s’interroger sur son propre rapport à la/sa mère.

Peut-être manque-t-il au livre un style vraiment personnel, une véritable violence, une singularité formelle. Peut-être le texte s’épuise-t-il aussi à ne raconter qu’un itinéraire singulier par le biais d’anecdotes juxtaposées auxquelles il est bien difficile de s’identifier et dont le lecteur reste à distance.  Peut-être encore ces pages n’atteignent-elles pas la vraie universalité qui caractérise toutes les plus grandes oeuvres autobiographiques.

Passage de la Mère morte est donc un livre dont l’écriture a sans doute été indispensable à la reconstruction de son auteur. Toutefois, force est d’admettre que sa lecture demeure quant à elle dispensable.

 

Extrait : « Non, pas question d’amour entre nous. Je t’en prie, un peu de décence. Pas même cette naturelle affection qu’éprouvent les uns envers les autres les membres d’une famille normale, parents et enfants, fondée sur le respect et sur un certain nombre de droits et de devoirs réciproques. Par ton imposture, par ta vie erratique et égoïste, tu t’étais exclue de ce type de relation. Cela, j’aurais encore pu l’admettre, si tu l’avais clairement exprimé. Après tout, une mère n’est pas obligé d’aimer son enfant, et un fils peut vivre sans mère, j’en suis la preuve. » (p.85)

Note : 4/10

                                           Passage de la mère morte

Note de lecture : « Novecento : pianiste » d’Alessandro Baricco, Folio.

« Le Virginian » était un navire de croisière qui traversait toutes les mers et tous les océans du globe. A son bord, pour divertir les passagers les plus nantis, officiait un orchestre. Parmi les musiciens se trouvait notamment un trompettiste dont Baricco décide de faire le narrateur de l’étonnante histoire qui constitue ce livre…

L’histoire de Danny Boodman T.D. Lemon Novencento dont le talent de pianiste éboulissait tous ceux qui l’écoutaient. Un drôle de type ce Danny qui n’avait jamais quitté ce navire où il était né dans d’étranges circonstances et qui s’était toujours obstinément refusé de poser le pied sur la terre ferme. Oui, un drôle de type ce pianiste génial auquel sera réservé un étrange destin aussi…

                                                       Novecento pianiste

Ce court texte qui se présente en vérité comme un monologue est un petit bijou, une perle rare et précieuse de la littérature italienne contemporaine. Baricco y déploie tout son talent, et il est immense, jouant avec brio de plusieurs registres, alliant à merveille la fantaisie, l’émotion, la drôlerie, la sensibilité, l’intelligence. Assurément, Novecento Pianiste est un petit livre qui relève à la fois du récit, de la prose poétique, du théâtre, de la rêverie et une très grande réussite. Sa lecture provoque tout simplement un enchantement inoubliable.

Bienheureux sont ceux qui ne l’ont pas encore lu et qui vont en faire, bientôt, l’ébloussiante découverte…

 Note : 8,5/10  Rire

                                 Note de lecture :             

                                                Alessandro Baricco.

« Ce Silence-là », roman, éditions Demeter.

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Du fait divers à la fiction,

De la réalité à la littérature,

ou comment celui que les médias avaient baptisé « piano man »

est devenu un héros de roman …

 

Note de lecture : « Aimez-vous Brahms… » de Françoise Sagan, Pocket.

Paule a 39 ans. Age critique s’il en est, surtout pour une femme, paraît-il (?). Depuis longtemps déjà, elle vit une relation avec un certain Roger. Mais la fougue s’est éteinte pour se transformer en simple affection. Et puis, cet homme est infidèle et Paule ne le sait que trop. Survient alors Simon, un beau jeune homme d’à peine 25 ans. Et son irruption dans l’existence de Paule fera basculer bien des certitudes.

Autant le dire clairement, ce livre ne présente absolument aucun intérêt. Une intrigue indigente, d’une affligeante banalité (Paule aime-t-elle assez Roger pour accepter ses frasques ou cèdera-t-elle à son tour à la tentation de la chair fraîche ?), des personnages désoeuvrés, narcissiques, insupportables nantis condamnés à tromper l’ennui et la vacuité de leur plate existence en buvant en permanence du scotch et du champagne, des sujets aussi profonds que ceux de mauvaises séries télévisées (la crise de la quarantaine et la remise en cause qu’elle génère par exemple) ne suffisent guère pour faire un bon roman. Le lecteur en arrive même à partager l’ennui de ces piètres héros. Reste la plume de Sagan, certes, élégante, maîtrisée, enlevée, mais il est bien dommage qu’elle dise si peu… En fait, on aurait aimé que ce talent formel serve une véritable ambition littéraire…

Note : 3/10

                                  Note de lecture :

Agenda : Dates à retenir – Salon des éditeurs indépendants.

La mairie du 6ème arrondissement de Paris

organise pour la deuxième année 

le Salon des Editeurs Indépendants

(éditeurs du quartier latin et éditeurs de Bretagne)

les 28,29 et 30 novembre prochains.

 

Les éditions « Les Mandarines » qui ont publié la pièce L’Invitée participeront à cette manifestation. J’aurai pour ma part le plaisir d’accompagner mes éditeurs…

Venez nombreux pour défendre une édition indépendante et de qualité qui permet à la création de survivre malgré le despotisme toujours croissant d’une production de masse formatée …

 

                                 salonditeursindpendantsparis6me2.jpg

 

Agenda : dates à retenir…

 Prochaines représentations de la pièce L’Invitée :

- vendredi 26 septembre, salle des fêtes de Villorceau, dans le cadre des Rencontres Théâtrales du canton de Beaugency, 20h30.

- vendredi 7 et samedi 8 novembre à l’Espace Béraire de La Chapelle Saint Mesmin, 20h30.

Dates des prochaines représentations de la pièce « L’Invitée » :

- vendredi 26 septembre, salle des fêtes de Villorceau, dans le cadre des Rencontres Théâtrales du canton de Beaugency, 20h30.

- vendredi 7 et samedi 8 novembre à l’Espace Béraire de La Chapelle Saint Mesmin, 20h30.

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