Archive pour 19 septembre, 2008

Note de lecture : « Passage de la Mère morte » de Jean-Claude Perrier.

Souvent la littérature se plaît à sacraliser la figure maternelle, à dépeindre avec émotion une mère idéalisée, parfaite, une mère aimée, une mère forcément regrettée. Oui, souvent la mère écrite et décrite nourrit des pages teintées de lyrisme et de mélancolie.

Avec le livre de Jean-Claude Perrier, il en est tout autrement. Parce que l’auteur raconte avant tout un rendez-vous manqué avec sa propre mère. Parce qu’il évoque une succession de malentendus, de déchirures, de cris et de départs. L’autobiographe convoque alors une succession de souvenirs qui tous montrent à quel point cette mère et lui-même ne se sont pas compris, tout simplement pas rencontrés. De chapitre en chapitre, Perrier narre avec amertume et se souvient avec colère ou indignation jusqu’à en arriver à cette terrible conclusion :  »Tu m’as donné la vie. Te faisant revivre dans ces pages, je te l’ai rendue. Nous sommes quittes. Je peux passer outre. »

Le projet littéraire en question était par conséquent courageux, audacieux et justement original parce que paradoxal. Un tel texte pourrait en effet tirer sa force de ce qu’il dérangerait, agacerait, provoquerait ; de ce qu’il montrerait que les liens du sang ne sont pas forcément les plus forts ni les plus nobles. Assurément, cette démarche qui va à contrario de la (trop ?) commune vénération de la mère aurait pu présenter un grand intérêt.

Mais en vérité, l’objectif ne semble que partiellement atteint et le lecteur ne se sent pas vraiment concerné par ce règlement de compte qui ne le touche pas, qui ne le dérange pas, qui ne le pousse même pas à s’interroger sur son propre rapport à la/sa mère.

Peut-être manque-t-il au livre un style vraiment personnel, une véritable violence, une singularité formelle. Peut-être le texte s’épuise-t-il aussi à ne raconter qu’un itinéraire singulier par le biais d’anecdotes juxtaposées auxquelles il est bien difficile de s’identifier et dont le lecteur reste à distance.  Peut-être encore ces pages n’atteignent-elles pas la vraie universalité qui caractérise toutes les plus grandes oeuvres autobiographiques.

Passage de la Mère morte est donc un livre dont l’écriture a sans doute été indispensable à la reconstruction de son auteur. Toutefois, force est d’admettre que sa lecture demeure quant à elle dispensable.

 

Extrait : « Non, pas question d’amour entre nous. Je t’en prie, un peu de décence. Pas même cette naturelle affection qu’éprouvent les uns envers les autres les membres d’une famille normale, parents et enfants, fondée sur le respect et sur un certain nombre de droits et de devoirs réciproques. Par ton imposture, par ta vie erratique et égoïste, tu t’étais exclue de ce type de relation. Cela, j’aurais encore pu l’admettre, si tu l’avais clairement exprimé. Après tout, une mère n’est pas obligé d’aimer son enfant, et un fils peut vivre sans mère, j’en suis la preuve. » (p.85)

Note : 4/10

                                           Passage de la mère morte

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