Archive pour 4 mars, 2009

Note de lecture : « Le nouvel amour » de Philippe Forest, Folio.

   Dans L’enfant éternel, texte magnifique et bouleversant, Philippe Forest évoquait avec pudeur mais vérité la maladie de sa petite fille Pauline, et l’irrémédiable marche vers ce qui constitue le scandale par excellence, à savoir la mort d’un enfant, de son enfant.

   Avec Le nouvel amour, l’auteur poursuit son entreprise autobiographique en essayant d’évoquer cette fois-ci ce qui ressemble à une renaissance, mais à une renaissance difficile, lente et forcément douloureuse. Il raconte en effet comment, après une longue traversée de chagrin et d’esseulement (mot qui revient souvent sous sa plume), l’homme qu’il est tente de revenir à la vie. Parce qu’il doit bien admettre qu’avec Alice, son épouse, il ne partage plus que l’expérience terrible du  deuil, des souvenirs ineffaçables, une tendresse silencieuse.  Alors qu’avec Lou, la jeune femme insolente de beauté et d’audace qu’il a rencontrée, il retrouve brusquement la saveur des caresses, la frénésie des corps qui s’abandonnent, la force de l’extase, bref, avec elle, il redécouvre un état qui ressemble étrangement à ce qui pourrait s’appeler de l’amour.

   Mais la reconquête du bonheur ne sera pas aisée pour celui qui avait cru devoir mourir une fois le corps de son enfant abandonné, là-bas, au fond de la tombe.

   On l’aura compris, le projet de Forest est ambitieux et passionnant puisqu’il s’agit avant tout d’évoquer ce qui relève de l’impalpable, du ressenti, des émotions, des sentiments, avec tout ce qu’ils peuvent avoir de contradictoires, d’insaisissables et d’ambigus. Il s’agit en quelque sorte de raconter comment celui qui a survécu à l’impensable peut, malgré tout, éprouver de nouveau, alors qu’il ne l’attendait pas, ne le souhaitait même pas, l’effervescence amoureuse.  Mais hélas, l’objectif de l’auteur ne semble pas atteint. En effet, le texte se répète, se cherche, tourne en rond, et très vite il en vient à lasser le lecteur qui ne se sent pas concerné par cette sexualité mise à nue, par tant d’hésitations, par l’itinéraire de cet homme que l’on regarde se débattre avec ses démons mais pour lequel il est difficile d’éprouver la moindre empathie, à défaut de sympathie.

   En fait, alors que L’Enfant éternel parvenait à atteindre à travers le récit d’une parcours singulier et autobiographique une incontestble universalité, alors qu’il réussissait à émouvoir, à déranger, à questionner, le nouvel amour laisse totalement indifférent. Le lecteur en vient même à se sentir indiscret de lire ces pages qui pourraient et devraient le concerner mais qui ne font que l’ennuyer.

                                                          Le nouvel amour                      

Vient de paraître : « Et pour le pire (fragments de vies) », nouvelles.

Et pour le pire

(Fragments de vies)

Editions Demeter

Vient de paraître :

                                                   

Quatorze récits, quatorze fragments de vies qui tous racontent avec gravité ou légèreté, avec noirceur ou dérision, le moment où tout bascule au sein d’une existence.

C’est un deuil qui frappe ou une rencontre qui rend fou ; c’est une découverte qui bouleverse ou une vengeance qui condamne ; c’est un aveu qui se fait ou un secret qui se révèle.

Et, dans tous les cas, c’est l’instant à la fois banal et extraordinaire où le meilleur devient, irrémédiablement, le pire…

 

                                        couvertureetpourlepire2.jpg

 

Une rencontre est organisée

 le mercredi 11 mars à 18h30

 à la librairie des Temps Modernes,

57 rue ND de Recouvrance, 45000 Orléans

(02 38 53 94 35) .

***

Une séance de signature se déroulera  

le samedi 14 mars à partir de 15h

à la librairie Privat-Loddé 

(récemment rebaptisée Chapitre.com),

2 place de la République, 45000 Orléans

(02 38 65 43 43) .

******************

Extrait de la nouvelle « Monstre » :

« La vie, perdue dans la faute,se retrouve dans l’expiation. »

André Suarès, Trois Hommes. 

    « Non, je n’ai pas de scrupules. Pas le moindre scrupule. Bien au contraire. Je savoure l’idée délicieuse de faire le mal, de te rendre malheureux, de t’inoculer le poison de la souffrance. Pas de projet plus excitant que celui de te détruire à petits feux. Longtemps, je me suis préparée à cette entreprise et aujourd’hui, enfin, je la réalise.

   Je ne te demande pas de m’excuser ; je suis inexcusable. Je ne te prie pas davantage de m’accorder ton pardon ; je suis impardonnable. Et d’ailleurs, on ne pardonne pas à ceux et celles qui répandent le remords, la peur et la haine. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, c’est bien cela que tu vas connaître : le remords, dont tu resteras l’esclave ; la peur, une extraordinaire peur qui, petit à petit, t’enlaidira, fera de toi une ombre, un fantôme errant, un spectre abject ; et la haine, la grande haine, de celles qui demeurent tapies au fond du coeur, dans l’âme aussi, de celles qui circulent en permanence à travers toutes les veines et les artères.

   Par avance, je me délecte à imaginer ton corps pétrifié, ta triste mine, ta face livide, tes yeux hagards et épouvantés. Je me représente ta bouche grimaçante, ta silhouette voûtée, tes mains contorsionnées. Je me réjouis, ô suprême plaisir, à concevoir l’affolement qui sera tien lorsque tu me découvriras, lorsque ton regard ne pourra plus se détourner du spectacle que je t’ai minutieusement préparé.

   Désormais, la bête immonde ne te lâchera plus. Elle te poursuivra, t’accompagnera, partout, tout le temps, prédateur invisible, impalpable, mais auquel nul ne peut arracher sa proie. Ses mâchoires t’attraperont et sur toi elles se refermeront de toute leur puissance. Pour te dévorer. Mais, il te faudra du temps pour identifier l’ennemi, pour savoir quelle est sa race, pour comprendre d’où il vient. Il te faudra du temps pour admettre qu’il est inutile, totalement inutile mon cher, de chercher à fuir un tel adversaire, parce que c’est en toi, exclusivement en toi, qu’il puisera sa force, qu’il se ressourcera sans cesse. Il se nourrira de toi. Il vivra en toi et contre lui, tu seras impuissant. Tu ne pourras que mesurer la progression de sa voracité, l’accroissement de sa tyrannie. Et tu ne pourras aussi que constater que ton visage se creuse, que tes cernes s’accentuent, que ta physionomie que je trouvais autrefois belle et élégante a perdu toute lumière et humanité.

   Tu ne connaîtras plus que le clair-obscur ; alors que tes nuits seront blanches, tes journées, interminables, épuisantes, resteront sous l’entière, sous l’exclusive domination de l’ombre.

    Oui, je suis un monstre. Je l’admets. J’en ai une pleine, une exquise conscience. Je suis un monstre et je veux l’être. Je revendique ce dernier droit, le droit d’être ton monstre, rien que le tien, pour l’éternité… » 

 

Bientôt : représentation de « L’Invitée » à Châteauneuf-sur-Loire.

Nouvelle représentation de la pièce L’Invitée,

par le Théâtre de la Rive, 

le dimanche 15 mars 2008, à 15h,

à l’Espace Florian de Châteauneuf-sur-Loire.

affichelinvitechteauneufsurloire.png

Manifestation organisée par l’ACACIA.

Pour davantage d’informations, cliquez sur le lien suivant :

http://pagesperso-orange.fr/acacia45110/

cornillonchristophe |
Les Livres de Loïc ! |
UN PEU DE POESIE |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Les maux du coeur
| Mes mots...
| leidgens