Billet critique sur « Et pour le pire » paru sur le site « Livres et cinéma et quelques autres aventures culturelles – le blog de Yohan ».
Ci-dessous, l’avis de Yohan sur Et pour le pire,
Lien vers son blog :
http://livres-et-cin.over-blog.com/article-28971271.html
Mercredi 18 mars 2009
Et pour le pire, Franck Bellucci
Après la belle découverte de Ce silence-là, le premier roman de Franck Bellucci, l’auteur publie un recueil de nouvelles au titre assez intriguant et inquiétant : « Et pour le pire ! » Et le pire, on le côtoie de près dans ces quatorze « fragments de vie », comme l’indique le sous-titre.
Le pire se cache ici dans des incidents, des événements qui transforment la vie des personnages : l’accident mortel, le deuil, la folie dans laquelle on tombe, la maladie. Des moments terribles, qui tombent sur les individus sans qu’ils s’y attendent, et qui ne savent pas comment réagir, coincés entre colère et chagrin. Comme dans la nouvelle inaugurale, « Choc frontal », et la dernière du recueil, « La dernière cigarette », où un accident de la route bouscule la vie des proches des accidentés. On plonge dans les secrets de famille, comme dans « Ton frère, ce clandestin », ou dans les affres de la séparation conjugale dans « Un père qui pleure ». Dans d’autres cas, c’est la folie qui domine, la folie liée à une douleur qu’on accepte pas dans « Et pourtant je l’aimais »… Une pointe de fantastique surgit même dans « Les Anges noirs », nouvelle où chacun se retrouve confronté à ses propres turpitudes.
La difficulté des recueils de nouvelles, c’est que le lecteur a souvent ses préférés. Dans ce cas-ci, ma préférence va aux nouvelles qui dévoilent, lentement, le secret qui mine le personnage principal (« Ton frère, ce clandestin »), et à celle où l’on sent l’amour (« A lundi »), la détresse des personnages. Dans « Un père qui pleure », on ressent à travers les propos de l’enfant la détresse qui étreint le père au moment du départ. Dans plusieurs nouvelles (« L’abandonné »), on ressent la culpabilité qui touche les enfants ou conjoints contraints d’abandonner leur proche qui dans un hôpital, qui dans une maison de retraite. La nouvelle que je retiens le plus est « Un dimanche matin, la tête entre les mains », qui aborde ce thème de la culpabilité sur un autre mode : celle vis-à-vis des actes de ses parents, actes que le personnage, adolescent, n’arrive pas à concevoir.
Je suis plus réservé concernant les nouvelles un peu plus crues, comme « Monstre », »Une grande amoureuse » ou « Diptères et autres merveilles ». J’ai l’impression que Franck Bellucci a envie de choquer son lecteur, de l’interpeler, mais de manière assez gratuite. Dans « Monstre », par exemple, la nouvelle aurait peut-être gagné à se terminer de manière moins provocante.
Je dois néanmoins reconnaître la maîtrise d’écriture de l’auteur, qui change assez aisément de style et de registre de langue, adaptant la construction syntaxique et les dialogues à chaque situation. Recueil qui confirme donc les qualités aperçues dans « Ce silence-là », et la capacité de l’auteur à écrire sur le secret, le trouble qui assaillent les personnages.