Citation du moment :
« Ecrire, cela commence par admirer. Tout écrivain sent derrière lui les figures aimées, respectées, de quelques grands prédécesseurs. Cela ne veut pas forcément dire qu’il se place dans leur descendance, mais seulement que la fébrilité intelligente qu’il a éprouvée à les lire, l’a encouragé, un jour, à se jeter lui-même dans l’écriture. »
Olivier Rolin, « Aimer la littérature »,
article paru dans Le Journal de l’Académie de France à Rome, Villa Médicis, n°3, 2007.
La Villa Médicis à Rome,
lieu de création qui accueille chaque année des artistes en résidence.
Son actuel directeur en est Frédéric Mitterrand.
Souvenir de la rencontre organisée au forum de la FNAC d’Orléans.
Rencontre organisée au Forum de la FNAC d’Orléans
le vendredi 17 avril
Rencontre animée, avec force talent, par Michel Bleze-Pascau,
animateur de l’émission « Comme à la maison » sur Orléans TV.
Je tiens d’ailleurs à le remercier :
pour la lecture attentive qu’il a conduite du recueil Et pour le pire,
pour la pertinence de ses questions,
pour sa gentillesse tout simplement.
Cinéma : « Chéri » de Stephen Frears.
Vingt ans après Les Liaisons dangereuses, chef-d’œuvre dans lequel elle interprétait aux côtés de J Malkovich et de G. Close la prude et dévote Présidente de Tourvel, Michelle Pfeiffer retrouve Stephen Frears pour une adaptation de Chéri, le roman de Colette. Mais cette fois-ci l’action se déroule à la Belle Epoque, période de frivolité et d’insouciance, et l’actrice interprète une « cocotte » en fin de carrière, autrement dit une créature de petite vertu qui s’est enrichie sans scrupules en vendant ses charmes, charmes dont elle sait à quel point ils se fanent de jour en jour.
Pourtant, la femme d’âge mûr qu’elle est devenue va découvrir ce qui pourrait bien ressembler à de l’amour auprès de Chéri, le fils d’une amie, jeune dandy désinvolte et à la beauté insolente. Aux côtés de ce dernier qu’elle prend sous sa coupe, et qu’elle entretient pendant plusieurs années, Léa (M. Pfeiffer donc) retrouve un peu de sa jeunesse passée et des sensations qu’elle croyait à tout jamais perdues. Jusqu’au jour où la mère de Fred (le jeune homme, bien sûr) décide de le marier pour le caser et assurer une descendance.
Le film de Frears rend parfaitement ce ton si propre à Colette. Comme les œuvres de la romancière, il évoque en effet avec légèreté et ironie des sujets en vérité graves et douloureux. Ainsi, sans jamais sombrer dans le pathos ou la démonstration didactique, Chéri aborde le thème du temps qui passe ; décline le motif de la vieillesse ; raconte un rendez-vous raté, brisé par le décalage des âges et le poids des conventions sociales. L’histoire montre aussi qu’une revendication trop excessive de l’indépendance et de la liberté peut aliéner et devenir source de souffrance. Car l’amour est forcément dépendance et de cette dépendance naissent d’ailleurs le plaisir et l’ivresse.
Chéri est donc un film plus sérieux qu’il n’y paraît, à la mélancolie masquée. Il se déguste comme une friandise sucrée mais à l’arrière goût un peu amer. Parce que les costumes et les décors, magnifiques et somptueux, ne parviennent pas à cacher pleinement les stigmates du spleen qui, par intermittences, s’inscrivent sur le visage des protagonistes…
Léa (M. Pfeiffer) la fragilité et la beauté de la femme « vieillissante »
Léa et Fred ; la femme et le jeune homme.
Cinéma : « Villa Amalia » de Benoît Jacquot.
Un soir, alors qu’elle l’espionne, Ann voit son conjoint Thomas embrasser une femme sur le seuil d’une petite maison de banlieue. Alors, elle prend la résolution de le quitter, de tout quitter, de faire table rase de sa vie, de sa carrière de pianiste, de son identité de femme et de fille. Et il lui suffit de quelques jours pour vendre ses biens, se séparer des objets de son passé, des photographies et autres souvenirs, pour se métamorphoser physiquement et emprunter une nouvelle identité. Parce qu’il lui faut tout oublier, pour partir, pour devenir une autre, pour entreprendre ce long voyage qui la conduira jusqu’à cette maison abandonnée du sud de l’Italie, cette Villa Amalia dans laquelle pourra enfin s’opérer la renaissance, renaissance aux autres, au monde, à soi. Surtout à soi.
Benoît Jacquot est un réalisateur exigeant ; Pascal Quignard est un écrivain qui refuse toutes facilités littéraires ou romanesques. Il n’est donc pas étonnant que la rencontre de ces deux créateurs aux univers si particuliers aboutisse à un véritable film d’auteur, à la fois âpre, austère, rude, pas toujours aimable, à l’image de sa protagoniste d’ailleurs. Villa Amalia est en fait construit comme une quête initiatique. Le récit donne à voir et à sentir refusant volontairement de commenter, de proposer une quelconque explication rationnelle. Pendant une heure trente, le spectateur suit au plus près les pas d’Ann, cette femme qui décide tout à coup de devenir celle qui dit « non ». Avec elle, il marche, il court, il nage, il prend le train, le car, il traverse des paysages immenses et superbes. Il partage ses silences, ses regards, ses respirations saccadées. Il l’accompagne, tout simplement, dans ce cheminement symbolique qui la mène de la nuit pluvieuse du début à la lumière solaire de l’île où elle trouvera enfin un sens à son destin.
Une fois encore, Isabelle Huppert se révèle magistrale dans ce long métrage. Un geste, un regard, une mimique esquissée lui suffisent pour faire ressentir tout le désarroi du personnage qu’elle incarne. Pour laisser deviner sa force et sa faiblesse. Ses failles secrètes aussi. Aux côtés d’un Jean-Hugues Anglade sobre et tout en justesse, elle porte littéralement le film et l’irradie de sa présence magnifique.
Isabelle Huppert, une femme en quête d’identité et de sens…
Jean-Hugues Anglade, de retour au cinéma, dans un beau rôle.
Site officiel du film : http://www.villaamalia-lefilm.com/
Souvenir de la rencontre dédicace organisée par la bibliothèque municipale de La Chapelle Saint Mesmin.
Quelques photographies en souvenir de la séance de dédicace
organisée par la bibliothèque municipale Louis Rouilly
de La Chapelle Saint Mesmin
le samedi 4 avril 2009 de 10h à 12h30.
Merci aux organisateurs, notamment Nicole Hafid et Serge Burnel,
et merci aussi aux visiteurs !
Prochain rendez-vous :
Rencontre débat au forum de la FNAC d’Orléans
le vendredi 17 avril à 17h30.