Archive pour 27 juin, 2009

Note de lecture : « Meuse l’oubli » de Philippe Claudel, Folio.

   Paule est morte et avec elle s’est effondrée toute une vie de bonheur. Aussi le narrateur qui a été son amant et qui ne peut plus supporter son absence, cette béance, décide-t-il  de partir, d’entreprendre un voyage qui lui permettra de s’effacer aux autres, au monde, de disparaître à son tour au risque de se noyer dans la vase du chagrin. Et ce voyage le conduit à Feil, petit bourg au bord de la Meuse, terre de silence et d’austérité avec laquelle il va entrer en résonance. Là-bas, près du fleuve, l’homme blessé se souvient, de Paule bien sûr, mais aussi de son enfance blessée, d’une mère putain qui s’occupait plus de ses clients que de son fils qu’elle considérait comme un intrus. Il faut alors accueillir les souvenirs, qu’ils soient heureux et malheureux ; il faut accepter les assauts du passé, ces reminiscences, pour pouvoir, ensuite, revenir au présent. 

   Avec ce texte très poétique et au style ciselé, Philippe Claudel (auteur des déjà très remarqués le Rapport de Brodeck et les Ames grises) décrit admirablement le processus du deuil, les étapes qui le caractérisent et qui font passer l’endeuillé de la révolte à l’abattement, de l’abattement au chagrin, du chagrin au manque, du manque au retour à la vie. Avec sensibilité, justesse et sans jamais tomber dans le pathos, ce très beau texte décrit donc un cheminement profondément humain, cheminement qui mène de la mort à la renaissance, de l’ombre à la lumière retrouvée. Parce que, après tout, continuer à vivre, à rire, à aimer, à désirer ne signifie en rien oublier ou trahir l’être disparu. Bien au contraire. 

   Un récit fort, universel ; une écriture magnifique.

                                                                                   Meuse l'oubli 

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