« Whatever Works » : une comédie jubilatoire et brillante de Woody Allen… Un film pétillant !
Ces dernières années Woody Allen nous avait plutôt habitués à des films graves, de facture très romanesque et de construction souvent élaborée. Avec les excellents Match Point, Le Rêve de Cassandre ou encore Vicky Cristina Barcelona, le cinéaste avait en effet imposé une nouvelle veine et avait surtout révélé une façette inattendue de son immense talent. D’aucuns ont d’ailleurs parlé de la période européenne d’Allen. Période qui lui a en outre permis de rencontrer de nouveaux spectateurs et de conquérir un public plus large. Or, avec Wathever Works, Allen marque sans conteste un retour aux sources à savoir à la comédie fantaisiste, douce amère, et ce film rappelle à bien des égards la tonalité d’oeuvres telles que Manhattan, Annie Hall ou Zelig.
Boris est un misanthrope hypocondriaque (alter ego d’Allen ? Sans aucun doute…) qui se considère comme un génie et qui jette sur l’humanité qui l’entoure un regard aussi cynique que désabusé. A ses yeux, tout n’est que laideur, médiocrité, bêtise, vulgarité et c’est pour cela qu’il vit seul, reclus dans son appartement miteux, passant ses journées et ses nuits à ressasser son aigreur et ses multiples rancoeurs. Mais un soir il rencontre par hasard une jeune fugueuse aussi sotte que pauvre qu’il accepte d’héberger temporairement (pense-t-il) chez lui. La cohabitation entre le vieux misanthrope désabusé et intolérant et la lolita inculte va alors générer des échanges désopilants, des épisodes burlesques et autant de situations plus amusantes les unes que les autres. Et les choses ne s’améliorent guère lorsque tout à coup rentrent en scène les parents ringards et réac de la fugueuse, un jeune homme au faciès de mannequin bien décidé à séduire la belle créature ou encore des intello-bobo artistes avides de nouvelles sensations et d’expériences inédites…
Wathever Works est un film jubilatoire. Allen y ose toutes les audaces, toutes les malices. Ainsi, son protagoniste n’hésite-t-il pas par exemple à nous interpeler, nous, spectateurs, à nous parler directement se livrant à plusieurs monologues d’une surprenante drôlerie. Le cinéaste joue aussi en permanence avec les artifices qu’il revendique, les détournements de situations et la parodie qu’il pratique, les coups de théâtre qu’il ménage, les rebondissements qu’il imagine et surtout, oui surtout, les dialogues qu’il cisèle. Et les répliques qui font mouche ne manquent pas… C’est en fait tout son art que Woody Allen met au service de ce film qui se présente comme une comédie légère, pétillante, et qui, sans se prendre au sérieux, fait en vérité montre d’une rare intelligence, d’une vraie finesse, d’une touchante sensibilité et surtout d’une autodérision salutaire et peut-être même salvatrice. Car, mine de rien, Wathever Works conduit une réflexion existentielle dont la morale pragmatique pourrait être que tout est réversible. Le spectateur en vient par conséquent à admettre avec Boris qu’en fin de compte, dans la vie, tout est bon à prendre… pourvu que ça marche (d’où le titre).
Un vrai régal donc qu’il serait dommage de ne pas savourer… sans modération !
Le génie misanthrope et hypocondriaque et la jeune écervelée…
Le séducteur et la belle à conquérir…