Note de lecture : « La Mauvaise Rencontre » de Philippe Grimbert, éditions Grasset : un texte d’un humanisme profond et d’une intelligence sensible.
Ca commence comme un récit traditionnel, d’apprentissage, un peu naïf pourrait-on dire. Loup et Mando sont les deux meilleurs amis du monde. Des inséparables. Ils se sont rencontrés alors qu’ils n’étaient que des enfants et qu’ils jouaient autour du bac à sable du Parc Monceau. En toute logique, ils ont par conséquent tout partagé : le goût des livres et de l’aventure, la fascination pour le surnaturel, la passion pour les films de Fellini, les premiers émois amoureux. Jusqu’au jour où Loup, le narrateur au prénom ô combien symbolique, a osé renier l’un de ses engagements en ne partant pas avec Mando en colonie de vacances. Acte banal en apparence et qui pourtant aura des conséquences aussi graves qu’inattendues.
A partir de là, le récit bascule et se fait plus dense, plus grave et étonnamment surprenant. Car, lentement, le lecteur se met à cheminer vers la révélation de cette « mauvaise rencontre » qui donne son titre à l’œuvre. Une « mauvaise rencontre » presque ironique d’ailleurs puisqu’il est en vérité question de perte, d’abandon et de solitude irrémédiable.
Ce roman de Philippe Grimbert, déjà auteur du très remarqué Un Secret (adapté pour le cinéma par C. Miller), est sans nul doute une nouvelle réussite. Avec un style limpide et élégant, l’écrivain raconte une histoire qui gagne en densité et en émotion au fur et à mesure qu’elle se déroule et que la vérité se dévoile ; au fur et à mesure qu’elle sonde l’âme et les sentiments humains dans ce qu’ils peuvent avoir de plus complexe, de plus ambigu, de plus fou. Le souvenir d’une amitié aboutit alors à une réflexion sur la culpabilité et sur tout ce que les actes manqués, les paroles tues peuvent générer de remords et de douleurs.
La mauvaise Rencontre est un livre qui surprend, qui émeut, qui interroge aussi. C’est encore et surtout un texte d’un humanisme profond et d’une intelligence aussi contenue que sensible.