Article paru sur « Le blog de ma fabrique de polars »
Ce n’est pas à proprement parler un thriller que nous propose Franck BELLUCCI mais un beau et douloureux roman sur la culpabilité et la folie. Un jeune homme est retrouvé errant et hagard sur une plage de Normandie, vêtu d’un frac et tenant à la main une liasse de partitions musicales. Interné dans un hôpital psychiatrique où il fait l’objet d’un bilan difficile, il est vite taxé d’un autisme post-traumatique et fait l’objet, à la fois, d’une observation médicale méticuleuse et de recherches en vue de découvrir son identité. Une infirmière l’a pris en affection et a décidé de veiller quotidiennement sur lui, au point d’en négliger ses autres patients. Elle tient un journal de cette veille affectueuse qui fait remonter en elle des souvenirs douloureux liés au suicide de son jeune frère. L’auteur fait alterner un récit à la troisième personne, description objective du lent déroulement de l’internement de ce jeune homme, avec le discours à la première personne de l’infirmière qui consigne ses sentiments dans son cahier. L’intrigue est toute entière contenue dans le cerveau de cette jeune femme fragile, ballottée de Charybde en Scylla, au gré de ses espoirs et de ses angoisses et qui s’est prise d’une passion déraisonnable pour le jeune malade. La fin reste bien sûr à découvrir. Qu’adviendra-t-il de ce jeune homme isolé du monde, de cette jeune femme enfermé dans son désespoir et de leur relation dans une chambre d’hôpital ? Un roman poignant, bien écrit et qui sort des sentiers battus. Mais tout sauf un polar ou un thriller, catégorie dans laquelle l’a enfermé l’éditeur.
http://www.mafabriquedepolars.com/
Un article dans la « Newsletter Kindle » d’Amazon :
Parue aujourd’hui, la Newsletter d’Amazon
consacrée aux livres numériques et à la Kindle (liseuse d’Amazon).
Dans ce dernier numéro, un article m’est consacré…
car Ce Silence-là est en très bonne position
dans les classements des meilleures ventes du site depuis plusieurs semaines !
(Cliquez sur le lien ci-dessous)
Désormais, « Ce Silence-là » et « Et pour le pire » disponibles en versions numériques !
Désormais, le roman Ce Silence-là et le recueil de nouvelles Fragments de Vies
sont disponibles en versions numériques,
téléchargeables pour la liseuse Kindle d’Amazon.
Ce Silence-là peut être téléchargé sur le lien suivant pour 3,21 euros :
http://www.amazon.fr/Ce-Silence-l%C3%A0-ebook/dp/B007HDWZSI/ref=sr_1_5?ie=UTF8&qid=1331044568&sr=8-5
Fragments de Vies peut être téléchargé sur le lien suivant pour 3,60 euros :
http://www.amazon.fr/Fragments-de-Vies-ebook/dp/B007FRLG54/ref=sr_1_4?ie=UTF8&qid=1331044568&sr=8-4
Bientôt : 4ème édition des « Bouquinales » d’Ingré (Loiret), 4 et 5 décembre.
Cette année, les « Bouquinales » d’Ingré se tiendront les 4 et 5 décembre
Elles auront pour thème « Histoires d’équilibres ».
Au programme : salon du livre, dédicaces, rencontres, conférences, spectacles, ateliers et animations diverses…
J’aurai le plaisir d’y être le samedi 5 décembre auprès d’autres auteurs invités.
Souvenir de la rencontre dédicace organisée par la bibliothèque municipale de La Chapelle Saint Mesmin.
Quelques photographies en souvenir de la séance de dédicace
organisée par la bibliothèque municipale Louis Rouilly
de La Chapelle Saint Mesmin
le samedi 4 avril 2009 de 10h à 12h30.
Merci aux organisateurs, notamment Nicole Hafid et Serge Burnel,
et merci aussi aux visiteurs !
Prochain rendez-vous :
Rencontre débat au forum de la FNAC d’Orléans
le vendredi 17 avril à 17h30.
Agenda : prochaines dates à retenir.
- Le samedi 4 avril 2009 de 10h à 12h30
Rencontre – Dédicace et exposition photos du spectacle « L’Invitée »
à la bibliothèque municipale Louis Rouilly de La Chapelle Saint Mesmin
&
- Le vendredi 17 avril à 17h30,
FNAC d’Orléans, rencontre-forum
à l’occasion de la parution de Et pour le pire
16, rue de la République.
« Mille lectures d’hiver », opération culturelle soutenue par la Région Centre.
Pour consulter la plaquette officielle, ouvrir le document ci-dessous :
plaquettedeprsentationdesmillelecturesdhiver.pdf
Note de lecture sur « Ce Silence-là », publiée sur « Le Blog de Yohan », le 3/12/2008.
Critique publiée le mercredi 3/12/2008
sur le site « Le Blog de Yohan »,
« Livres et Cinéma
Et quelques autres aventures « culturelles «
Merci à son auteur…
Ce silence-là, Franck Bellucci
Un jour d’avril, un jeune homme est retrouvé trempé sur la plage de L., en Normandie, des partitions à la main. Muet, il est admis à l’hôpital dans la chambre 22. Hélène, infirmière, le prend sous son aile et va essayer de percer son secret : qui est ce violoncelliste doué ? Vient-il de Prague, de Londres ? Simule-t-il sa maladie ? Mais ce patient va révéler à Hélène des souvenirs qu’elle avait enfouis bien loin, et qui la bouleversent.
Dans ce premier roman, Franck Bellucci accommode à sa manière l’histoire de ce jeune homme, le « piano man », retrouvé sur une plage anglaise un matin et très bon pianiste. Il change, par rapport au fait divers le lieu de l’intrigue et l’instrument dont il joue. Mais s’il utilise cette histoire, ce n’est pas pour décrire la vie de ce jeune homme ou inventer son histoire, mais il s’en sert de prétexte pour concentrer son attention sur Hélène.
Car c’est bien Hélène qui tient le rôle principal de ce roman. C’est elle qu’on entend le plus souvent, au travers de son journal. Le journal alterne avec les propos d’un narrateur extérieur, qui raconte essentiellement la succession des événements liés à l’enquête sur l’identité de cet homme. Ce journal nous permet de plonger dans l’intimité de cette femme d’âge mûr, qui vit une histoire finissante avec un homme qui ne sera qu’une ombre dans ce roman, et qui va être confrontée de manière inattendue à son passé douloureux.
La vue de ce jeune homme réveille des souvenirs, ses traits lui évoquent un proche. Et petit à petit, Hélène plonge dans la folie, qu’on pensait au départ réservé à ce jeune homme. L’attirance d’Hélène pour lui devient une obsession et son comportement avec ce patient étrange prend des proportions inquiétantes pour l’ensemble du personnel. Et malgré les efforts du docteur pour éloigner Hélène, elle revient irrémédiablement la chambre 22. Et se trouve constamment au bord du précipice, sur le point de passer d’infirmière à patiente.
J’ai apprécié ce roman, qui prend le lecteur à contre-pied en lui présentant une histoire qu’il n’attendait pas. Sur un sujet relativement difficile, car partant d’un fait divers connu, Franck Bellucci parvient à créer et à faire exister ce personnage d’Hélène, qui éclipse totalement le patient, qu’on attend comme héros de ce roman. Et le secret d’Hélène prend le pas sur la découverte de l’identité de ce dernier.
Si j’ai mis un peu de temps à m’habituer à l’écriture (j’ai trouvé pendant les toutes premières pages qu’il avait beaucoup d’adjectifs ? Etrange, non ?!?), j’ai ensuite pris mon temps pour découvrir ce que cache Hélène. Et j’ai pris plaisir à me plonger dans cette histoire pas très joyeuse, mais touchante.
Vraiment une jolie découverte, qui sera je l’espère suivie par d’autres !
Pour consulter le blog de Yohan, cliquez sur le lien ci-dessous :
http://livres-et-cin.over-blog.com/
« Mille lectures d’Hiver » à l’initiative de la Région.
Cette année encore, la région Centre reconduit la manifestation
« Mille lectures d’hiver »
de décembre 2008 à mars 2009.
Ce Silence-là figure sur la liste des oeuvres sélectionnées et proposées à la lecture.
Pour davantage d’informations, voir les liens suivants (site « Livre au centre ») :
http://www.livreaucentre.fr/?id_page=91
http://www.livreaucentre.fr/?id_page=11
et ouvrir le dossier présentant la liste complète des auteurs sélectionnés.
Les auteurs lus
Les écrivains vivants, édités, français ou étrangers, qui seront lus par la Compagnie des lecteurs lors de la 3e édition des mille lectures d’hiver, du 6 décembre 2008 au 31 mars 2009, sont désormais sélectionnés.La bio-bibliographie de ces auteurs est téléchargeable et sera disponible en version papier dès le mois de décembre.
Andreas Grassl / Piano man et « Wikipédia » :
L’affaire Andreas Grassl,
baptisée l’affaire « piano man » par les médias,
telle qu’elle est résumée
par l’encyclopédie participative en ligne
« Wikipédia » :
Andreas Grassl
Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Piano Man)
Le mystère d’Andreas Grassl (né le 25 octobre 1984 en Italie ), dit le Piano Man, a suscité l’intérêt de la presse britannique et internationale pendant de longs mois en 2005.
Andreas Grassl, baptisé le Piano Man ou l’homme au piano, est un jeune homme trouvé habillé en smoking, complètement mouillé et inconscient, sur la plage de Sheerness de l’île de Sheppey (au sud-est de Londres) au Royaume-Uni le 7 avril 2005.
Sans aucun moyen de l’identifier, il est transporté à l’hôpital de Gillingham. Cet homme d’une vingtaine d’années semble souffrird’amnésie ou d’autisme. Il ne parle pas, et ne communique que par l’intermédiaire d’un piano.
En effet, lorsque les infirmières lui ont présenté une feuille et un stylo, il a dessiné en détail un piano à queue. Les médecins l’ont alors placé devant un piano dans la chapelle de l’hôpital où l’homme s’est mis à interpréter différentes musiques allant de la musique classique de Tchaïkovsky à la musique pop/rock comme les Beatles. Les spécialistes qui ont pu l’entendre ont dit que c’était un bon pianiste sans toutefois être un virtuose.
La photo de l’homme au piano est alors diffusée dans tous les tabloïds britanniques précédés par le message « Si vous connaissez cet homme, appelez vite le 0500 700 700. » Plus de 1 500 personnes appellent le numéro vert national, en pensant reconnaître le Piano Man ou en inventant les histoires les plus saugrenues :
Une suédoise reconnaît son mari, pianiste de concert disparu, d’autres pensent qu’il s’agit du musicien tchèque, Tomas Strnad. Celui-ci doit même témoigner à la télévision tchèque pour contrer la rumeur. Des pianistes internationaux sont appelés au chevet du Piano Man pour tenter de le reconnaître. Rien n’y fait. Le jeune homme finit par pointer Oslo sur une carte et semble réagir au norvégien mais ne réagit toujours pas devant les questions de médecins. Il est alors placé dans une unité psychiatrique où les experts diagnostiquent de l’arythmie et de l’amnésie.
Malgré les différentes recherches faites par les forces policières de tous les pays européens et la notoriété de l’affaire dans les médias, il n’a pas pu être établi qui il était pendant plusieurs semaines.
Mi-août 2005, il finit par révéler son identité au personnel de l’hôpital où il est interné : Son nom est Andreas Grassl, il a 20 ans. Né en Bavière en Allemagne, il a deux sœurs et se dit homosexuel.
Interrogé par les médecins qui remarquent son soudain et remarquable rétablissement, il aide les enquêteurs à reconstituer son odyssée. Andreas serait arrivé dans le Kent après avoir perdu son travail. Très déprimé, il aurait voulu se suicider en se noyant dans la mer.
Une fois le mystère enterré, une polémique est née.
Le Piano Man est accusé d’imposture. Au Royaume-Uni où la presse a l’habitude de payer les témoignages, l’histoire semble s’être nourrie d’elle-même. Andreas aurait simulé les troubles des malades mentaux.
Les Britanniques l’accusent d’avoir tout inventé, notamment son amnésie pour rester au chaud, nourri, logé, aux frais de l’État britannique.
Le psychiatre Oliver James a confié dans The Guardian qu’il était « aisé de prétendre être malade sur une courte durée [...]. Ce jeune homme n’est peut-être pas aussi atteint que les docteurs ont cru de prime abord mais il ne fait aucun doute qu’il connaît des troubles de la personnalité. On ne joue pas la comédie de cette façon pendant cinq mois sans être un peu malade ».
Le samedi 20 août 2005, Andreas Grassl a quitté Londres son billet d’avion vers l’Allemagne payé par l’ambassade d’Allemagne et sans avoir acquitté ses frais d’hospitalisation, estimés à 27 000 euros.
Nouveau : un site sur « Ce Silence-là ».
Maintenant en ligne, un site exclusivement consacré au roman
Ce Silence-là (éditions Demeter)
avec notamment plusieurs extraits et des critiques.
Le site est consultable à l’adresse suivante :
http://cesilencela.over-blog.com/
Nouvelle critique de « Ce Silence-là ».
Ci-dessous, une nouvelle critique du roman Ce Silence-là
mise en ligne le 15/07/2008 sur le site « Hyllapage » à l’adresse suivante :
Critiques : »Ce Silence-là », de Franck Bellucci
Posté par marine le 15/7/2008 20:53:57
La plume est charmante au point d’avoir envie, dès les premières pages, de déclamer l’ouvrage à haute voix, de donner une dimension orale à cette prose poétique… et certainement pas, de lire en « Silence »!C’est une fois de plus un premier roman sur lequel Hyllapage décide de mettre la lumière. Premier ouvrage de Franck Bellucci, « Ce Silence-là », est paru en mars 2008 aux Editions DEMETER.
A la lecture des premières pages déjà, un sentiment de soulagement, ou plus justement de réconfort face à un style qui vaut hautement la peine envahit le lecteur. Amateurs de belles lettres – qui se veulent trop souvent antiques – bienvenus!
Peu importe l’histoire tant ce roman fait plaisir à lire; une syntaxe soignée, un vocabulaire riche et précis, un juste choix d’images et de procédés stylistiques; bref une délectation! Cet ouvrage se dévore, oui, même si parfois quelques longueurs nuisent au plaisir.
De plus, l’intrigue, pour ne rien gâcher, apporte son lot de surprises et de subtilités. Hélène infirmière dans un service psychiatrique de province se trouve pour ainsi dire confrontée à un patient énigmatique, qui deviendra très vite, trop vite peut-être son patient. Cette complicité, réelle ou rêvée, mais muette toujours la mène peu à peu vers une douce folie, celle des meilleures aimantes, qu’elles soient mères, sœurs, ou femmes.
Franck Bellucci, en écrivain virtuose, nous offre un point de vue omniscient qui trouve un intérêt certain dans l’alternance de deux genres: le récit narratif externe et le journal intime. Et parce qu’il sait précisément amener le lecteur à remettre en question l’intégrité mentale de l’héroïne que l’on trouve pourtant si touchante, tout en lui accordant le bénéfice du doute, l’auteur nous permet de déguster un savant mélange de réalité et de désir.
Les redondances sciemment orchestrées adjointes à de très beaux rythmes ternaires sont un pur bonheur qui rappellent non sans plaisir une littérature classique.
De nouveau donc, il serait criminel de ne pas vous conseiller cet ouvrage qui est une preuve de plus du talent de certains de nos jeunes auteurs français.
Franc Bellucci nous livre définitivement ici un petit bijou de littérature dont le seul point noir reste la trop faible diffusion.
A quand le prochain?
A Paraître très bientôt: une critique de l’Invitée, pièce de théâtre du même auteur.
Extrait n°2 du roman « Ce silence-là », éditions Demeter.
Extrait n°2 du roman Ce Silence-là, édition Demeter.
Extrait correspondant aux pages 45 à 47 du livre.
15e jour
L’infirmière stagiaire a été la première à l’apercevoir, à le découvrir. Elle l’a trouvé sur le sol, près du lit, du côté de la fenêtre. Immédiatement, elle a appelé pour avertir les autres membres de l’équipe de garde qui tous sont accourus dans la chambre 22 où, enfin, il s’est passé quelque chose.
Ils l’ont regardé, attentivement, à tour de rôle ; ils l’ont regardé scrupuleusement, médusés et contents à la fois, bien que ne sachant ni quoi faire ni comment réagir.
Le dessin est d’une précision incroyable et représente l’instrument dans ses moindres détails. Le jeune homme blond a donc choisi l’aube, ce moment fugace, délicat, où tout reste en suspens, où les bruits du couloir sont encore rares et assourdis, où la folie des psychotiques et autres schizophrènes est comme engourdie, anesthésiée par un sommeil lourd, artificiel, pour se saisir de la feuille blanche et du crayon qui depuis plusieurs jours se trouvaient sur la tablette près des partitions. Cette même feuille et ce même crayon qu’il avait ignorés, semblant ne pas les voir, lorsqu’ils lui avaient été présentés par le docteur T., il les a attrapés, et il a dessiné.
Un violoncelle.
De ce violoncelle, le directeur de l’école de musique proche de l’hôpital dira quelques heures plus tard qu’il est représenté avec une minutie sidérante, mieux, avec un extraordinaire talent. Et, en effet, tous en conviennent : le trait est sûr, précis, maîtrisé, élégant, et rien, absolument rien, ne manque à l’exécution. Volute, chevillier, sillet de la touche, manche, cordes au nombre de quatre, chevalet, ouïes, filets, cordier, piquet, tout y est, sans compter l’exactitude des lignes, des contours, des proportions, des ombres, des effets de relief. À en croire le spécialiste convié par le docteur T. et qui ne cesse de s’extasier de sa voix chevrotante, chaque élément figure où il faut, comme il faut, ce qui semblerait attester une parfaite connaissance de l’instrument représenté. Mais il ne saurait être question de parler d’un simple croquis techniquement élaboré ; non, il y a quelque chose d’émouvant dans ce dessin, quelque chose de puissant qui parait être l’oeuvre d’un artiste expérimenté, sensible, seul à même de saisir et de fixer ainsi la quintessence, l’âme d’un objet.
*
Mardi 18 avril : Ça y est. Je le savais, cela ne pouvait être autrement. Il vient de rompre à sa manière ce silence qui n’avait que trop duré. Il fallait tout simplement attendre, il fallait mériter ce qu’il nous a offert aujourd’hui. Il s’est exprimé en dessinant ; il a dessiné un violoncelle et son dessin est magnifique. Je ne me lasse pas de le regarder, de l’étudier dans ses moindres détails. Tant de précision, d’élégance : c’est prodigieux !
Il y a quelque chose d’humain dans l’instrument tel qu’il l’a figuré, avec son corps proportionné, ses rondeurs douces, son buste fier surmonté d’un long cou altier. Tout de suite, j’ai vu sur la feuille une silhouette élancée, des courbes qui invitent au toucher, à la caresse ; j’ai vu des hanches larges, sans doute plus féminines que masculines, en attente d’une étreinte. Comme s’il ne manquait que l’archet et le doigté de l’expert pour donner vie et voix à tout cela, pour que naissent une mélodie, une plainte, un profond soupir, un cri peut-être.
C’est donc la musique qui nous a rapprochés, j’aurais dû m’en douter, d’ailleurs je m’en doutais.
Et depuis que je l’ai vu, je ne peux effacer de mon esprit ce dessin sur lequel j’ai cru reconnaître un tracé que j’avais l’habitude de côtoyer, il y a longtemps. Ce tracé m’est familier. Ne serait-ce pas le tracé d’un bel adolescent, taciturne, fragile mais talentueux, tellement doué, à qui tout le monde aimait à prédire un grand avenir ? Le tracé d’un adolescent sensible, tellement sensible, pour qui la musique était tout… Ne serait-ce pas…
Se peut-il vraiment que je l’aie retrouvé, qu’il me soit revenu, ici et maintenant ?
*
Pour tous, le jeune homme blond vient donc de devenir le violoncelliste muet de la chambre 22. Mais pour Hélène, il est bien plus, il est son musicien du secret et du silence, un secret et silence qu’avec lui elle va désormais partager.
Pour que ce soit leur silence et leur secret.
Nouvelle Critique de « Ce Silence-là » parue le 31/5/08 sur le site » Le Bibliomane ».
Ci-dessous, le billet de lecture sur Ce Silence-là qui vient d’être publié
sur l’excellent site « Le Bibliomane ».
Merci à son rédacteur !
A consulter à l’adresse suivante :
http://lebibliomane.blogspot.com/
samedi 31 mai 2008
Le violoncelliste
« Ce silence-là » Franck Bellucci. Roman. Editions Demeter, 2008
Qui est cet étrange jeune homme que la gendarmerie a récupéré, errant et hagard, sur une plage du littoral normand ? Vêtu d’un habit de gala, serrant contre sa poitrine une liasse de partitions musicales, l’inconnu semble muet et frappé d’amnésie.
Aussitôt pris en charge par les autorités, le voici admis dans le service psychiatrique de l’hopital de L.
Malgré toutes les tentatives des médecins et des enquêteurs, le mystère reste entier en ce qui concerne l’identité du patient de la chambre 22. Le jeune homme semble muré dans son silence et aucune stimulation sensorielle ne semble réussir à le sortir de son état apathique.
Hélène, l’infirmière chargée de le surveiller, s’interroge elle aussi sur le mystère qui entoure ce jeune inconnu. Ses questionnements vont peu à peu céder la place à une étrange fascination envers celui qu’elle va finir par considérer comme « son patient ».
La jeune femme qui, sous un aspect avenant dissimule d’anciennes blessures, va très rapidement se consacrer exclusivement à l’étrange pensionnaire de la chambre 22 et rester à son chevet des heures durant, quitte à oublier pour cela ses obligations professionnelles et personnelles.
Au matin du 15ème jour, une infirmière stagiaire découvre dans la chambre un dessin réalisé par le jeune homme : il s’agit d’un violoncelle.
L’inconnu de la chambre 22 serait-il musicien, hypothèse que tendrait à appuyer la liasse de partitions qu’il détenait lors de son admission ?
On fait alors appel à un professeur de musique qui arrive sur les lieux le lendemain matin, muni d’un violoncelle. À la stupéfaction générale, le jeune homme s’empare de l’instrument et se met à exécuter avec une grande virtuosité les Six Suites de Jean-Sébastien Bach.
Les enquêteurs de la police, les médias et les médecins se perdent en conjectures : qui est réellement cet homme ? un artiste de génie victime d’amnésie ? un autiste? ou, plus incroyable encore, un adroit mystificateur ?
Pour Hélène, ces suppositions importent peu alors que le jeune homme de la chambre 22 prend de plus en plus d’importance dans sa vie, tout ceci à un tel point qu’elle finit par perdre pied avec son quotidien et avec ses collègues, n’ayant plus pour seuls confidents que son journal intime ainsi que « son patient » avec qui elle entretient un dialogue silencieux, fait de gestes, de regards, de caresses.
Les jours vont passer – 85, exactement – pendant lesquels Hélène va peu à peu tenter de percer le mystère du patient de la chambre 22 , un mystère qui va trouver d’étranges résonnances avec son propre passé, un drame survenu lors de son adolescence et qui ne cesse de la hanter. Elle ira ainsi jusqu’au bout de ses questionnements, faisant resurgir peu à peu de douloureux souvenirs, jusqu’à ce que – passé et présent finissant par se confondre – elle soit amenée progressivement vers une conclusion qui s’avérera tragique et irrémédiable.
S’étant librement inspiré d’une histoire vraie qui défraya la chronique il y a de cela quelques années – l’affaire Andreas Grassl, surnommé « The Piano Man » – Franck Bellucci ne cherche pas à nous conter une enième interprétation de ce fait-divers qui fit alors couler beaucoup d’encre.
C’est en fait sur la personnalité d’Hélène, l’infirmière qui va assister le patient de la chambre 22, que l’ensemble de ce roman va se focaliser afin de nous livrer le portrait d’une femme déchirée par son passé, une femme qui trouvera dans la personne de ce jeune homme inconnu le catalyseur de tous ses espoirs, de toutes ses peurs et de tous ses regrets.
Franck Bellucci, dont c’est ici le premier roman, nous livre avec « Ce silence-là », un récit fascinant, sensuel, troublant et douloureux, un voyage aux limites de l’amour et de la folie qui ne laissera pas le lecteur indifférent.
Critique de « Ce Silence-là » parue sur le site « Bibliotheca ».
Ci-dessous une nouvelle critique du roman Ce Silence-là
publiée aujourd’hui sur le site :
http://bibliotheca.skynetblogs.be
Ce silence-là – Franck Bellucci – 2008 | |
26-05-2008 Bellucci, Franck Un jeune homme en tenue de soirée errant sans but est retrouvé sur une plage déserte. Les autorités le prennent en charge et découvrent qu’il est totalement mutique. D’où vient-il? Que faisait-il avant de se retrouver là? Tout le monde l’ignore et il n’est pas possible d’en tirer quoi que ce soit. L’homme reste muet et ne semble guère réagir à son entourage. Au bout de quelques jours, il révèle cependant ses talents de musicien lorsque le personnel de la clinique lui présente un papier et un crayon dans l’espoir qu’il écrive son nom ou dessine le drapeau de son pays. Mais, au lieu de cela, il dessine un violoncelle. On lui apporte alors un instrument et il se met à jouer deux heures durant. Mais il ne prononce toujours pas le moindre mot. Très angoissé, il ne s’apaise que lorsqu’il manipule son violoncelle. Tout est mis en œuvre pour découvrir l’identité de l’amnésique, y compris l’appel aux médias qui diffusent des portraits à travers le pays. Franck Bellucci, professeur de lettres enseignant près d’Orléans, signe avec Ce Silence-là son premier roman. Si l’histoire peut sembler familière c’est que l’auteur réutilise comme base à son roman un fait divers réel qui s’est produit en 2004 en Angleterre. En effet cette année-là un amnésique a été retrouvé sur une plage déserte et, grâce à ses compétences de pianiste, il a vite été surnommé The Piano Man par les médias. Les faits sont un peu transformés pour les soins du roman mais tout le déroulement de l’affaire s’y retrouve. Mais pour Franck Bellucci le but n’est pas de réécrire ce fait divers sous forme de roman pour trouver une énième explication à cette affaire. Non, l’affaire du Piano Man n’est que prétexte pour parler de l’aide-soignante et infirmière Hélène, le véritable personnage principal du roman, une femme blessée dans la vie qui va revivre en s’imaginant une histoire avec le célèbre patient. L’histoire est d’ailleurs racontée de son point de vue à elle, alternant des récits à la première personne (extraits du journal intime d’Hélène) et à la troisième personne. Et peu à peu se révèle la personnalité d’Hélène à travers les silences du patient et le lecteur suit pas à pas sa lente évolution tantôt heureuse, mais souvent inquiétante, vers une fin que l’on devine terriblement tragique. Franck Bellucci réussit à parfaitement rendre cette évolution psychologique, le lecteur accroche dès les premières pages à ce texte troublant et émouvant à la fois, et qui se révèle également plutôt original et inattendu.Ce Silence-là de Franck Bellucci est un premier roman fort réussi et très prometteur. |
Souvenir de la séance de signature à Orléans.
Ci-dessous, une photographie prise
lors de la séance de dédicace de Ce Silence-là
organisée par la librairie Privat-Loddé d’Orléans le samedi 24 mai 2008.
Merci vivement à tous les futurs lecteurs, nombreux, chaleureux,
qui m’ont rendu visite, qui m’ont encouragé
et avec qui il a été agréable d’échanger quelques phrases.
Merci aussi à l’équipe de la librairie Privat-Loddé pour son accueil.
Merci enfin à mon fils Jérôme qui m’a accompagné…
Critique de « Ce Silence-là » parue sur le site Bibiloblog.
Ci-dessous la critique du roman Ce Silence-là qui vient d’être mise en ligne sur Biblioblog. N’hésitez pas à consulter ce site où sont quotidiennement publiés des billets de lecture de grande qualité à l’adresse suivante :
Ce silence-là – Franck Bellucci
Par Laurence le vendredi 23 mai 2008, 07h22 – Romans français – Lien permanent
Vous vous souvenez de Andras Grassi ? Ce jeune homme retrouvé sur un plage britannique, habillé en frac, muet et pianiste de génie? Il avait à l’époque défrayé la chronique… Si je m’en souviens si bien, c’est que mes colistiers avaient imaginé quelques scénarios probables, sous forme de très courtes nouvelles.
Pour son premier roman, Franck Bellucci a eu la même idée, mais a réussi à en faire un roman riche et émouvant, dépassant le simple fait divers.
Nous sommes en 2005, dans une petite ville de Normandie. Hélène, aide-soignante à l’hôpital psychiatrique, est chargée de l’admission du patient de la chambre 22. Ce n’est pas un patient comme les autres. Arrivé entouré des policiers, il est enfermé dans un mutisme inquiétant. Ses yeux bleus ne semblent rien voir, il est perdu dans son univers et ne réagit à aucun stimulus extérieur.
Immédiatement, l’équipe médicale se met en branle. Le professeur T est bien décidé à lever le voile sur cet étrange mystère. Tous les moyens sont mis en œuvre : des médecins de la capitale sont rapidement appelés à la rescousse pour établir un diagnostique. Autisme? Schizophrénie? ou simple imposture?
Mais Hélène est sourde à l’agitation; elle pense savoir qui est ce frêle jeune homme.
Pendant les 85 jours que dureront l’internement de l’inconnu, l’aide-soignante ne quittera pas son patient de la chambre 22, au risque de se faire renvoyer. Elle sait que seul le silence de leurs échanges lui permettra de guérir.
Si Franck Bellucci s’est inspiré de ce fait divers, ce n’est pas pour essayer de trouver une énième explication. Les tabloïds, avant lui, avaient déjà imaginé tous les scénarios possibles. Ici, la réalité n’est qu’un prétexte littéraire, et le discours que sous-tend ce récit est bien plus universel.
D’ailleurs, le personnage principal de Ce Silence-là n’est pas le patient de la chambre 22, mais Hélène, cette jeune femme blessée et meurtrie. La narration alterne entre le récit classique et les extraits des journaux intimes de la soignante. Peu à peu, on comprend le drame qui se prépare, on pressent le transfert inévitable.
Ce roman parle des silences : ceux qui rassurent; ceux qui inquiètent; ceux qui détruisent lentement. Le silence ici envahit l’espace et naît du poids de l’éducation. Le lecteur impuissant, suit donc avec inquiétude et empathie les méandres de la pensée d’Hélène. Comment définir la normalité ? Où commence la folie? Et finalement ne sommes-nous tous pas sans cesse sur la corde raide?
Franck Bellucci a réussi son pari puisque j’ai rapidement oublié ce que je savais de ce fait divers pour accompagner Hélène et son patient dans leurs silences. C’est un premier roman très prometteur.
Laurence
Extrait :
Non, personne ne peut se douter qu’entre elle et lui, ce jeune homme blond, mutique, apeuré, maigre, aux yeux clair, si clairs et hagards, un lien est en train de se tisser, un lien aussi fort que singulier, un lien secret qui désormais unira leurs destins.
[...]
Et pourtant moi je sais, oui, je le sais du fond de mon âme, qu’il n’est pas dément, qu’il n’a rien à voir avec les névrosés, les psychotiques, les maniaco-dépressifs et autres schizophrènes; je sais que l’autisme n’est pas la cause véritable de son mutisme, qu’il n’explique en rien son attitude.
Je le sais mieux que quiconque mais pour le moment je ne peux en parler à personne. Je dois aussi garder le silence. Nous sommes unis dans le silence.
Édition Demeter – 150 pages
Séance de signature le 24 mai à la librairie Privat-Loddé d’Orléans.
Une séance de signature de mon roman Ce Silence-là est organisée par la librairie Privat-Loddé d’Orléans
le samedi 24 mai à partir de 15 h
Faites passer l’information et venez nombreux !
Je serai heureux de vous y rencontrer…
Adresse de la librairie :
Privat Loddé
2, place de la République
45000 Orléans
Tél: 02 38 65 43 43
Fax: 02 38 65 43 44
Merci à tous et à bientôt !
« Ce Silence-là » : début du premier chapitre du roman.
1er jour
Elle regarde le visage anguleux, elle scrute les grands yeux clairs, caves, cernés de noir, des yeux étonnamment fixes et vides, pas tout à fait éteints mais aux pupilles sans éclat, sans profondeur. Quelques mèches de cheveux fins, très blonds, légèrement ondulées, collées sur le front par la sueur, soulignent l’extrême pâleur du faciès.
Il ne bouge pas, ne se débat plus, corps figé et nu sur ce lit auquel il a été sanglé non sans mal. Aux cris d’effroi, aux râles douloureux a enfin succédé le silence, celui de l’épuisement, de la résignation aussi. Le produit injecté, mélange de puissants tranquillisants et d’hypnotiques, a agi, pénétrant les tissus, les muscles, les organes et l’esprit, oui, surtout l’esprit. Et les convulsions ont fait place à une complète immobilité des membres.
Seule, assise sur l’unique chaise de la petite chambre aux parois immaculées, elle attend maintenant que la respiration se fasse plus régulière, plus douce. Elle guette et espère les symptômes d’un sommeil qui serait profond, paisible, récupérateur, et en attendant, elle observe avec son regard de soignante, de femme, mais aussi avec cette compassion particulière qu’on ne peut surprendre que dans les yeux d’une mère.
Et cela se fait.
Petit à petit, le souffle se met à ralentir, devenant plus calme, plus tranquille. Les bras menus, presque graciles, ainsi que les longues mains un peu féminines semblent se relâcher, s’abandonner. Sur la peau translucide des paupières qui viennent de se baisser, quelques veinules sinueuses s’entrecroisent, se mêlent, dessinant un faisceau serré d’étoiles sanguines. Pendant qu’elle détaille chaque parcelle de peau du dormeur, Hélène s’interroge : Quel âge peut-il donc avoir ? De toute évidence, ce n’est déjà plus un enfant, mais il n’a pas encore une corpulence d’adulte. Non, ce n’est pas encore tout à fait un homme…
Après un long moment durant lequel elle se laisse bercer par une agréable torpeur, sorte de rêverie ouateuse, elle se ressaisit et constate qu’un filet de salive luit à la commissure des lèvres du patient. Elle se redresse alors, quitte son siège, extirpe de la poche de sa blouse un mouchoir en tissu, le déplie et se penche pour essuyer ce qui pourrait être un reste d’écume de mer. Le corps, dont elle est maintenant tout près, sent encore la vase. Elle n’a aucun mal à reconnaître cette odeur spécifique qui l’a déjà assaillie tout à l’heure lorsqu’il lui a fallu plier les vêtements détrempés destinés à être lavés, désinfectés et séchés.
Oui, elle reconnaît cette odeur qui toujours l’a écoeurée, bouleversée, que toujours ou depuis si longtemps déjà elle a essayé de fuir, d’oublier, et dont elle sait qu’elle a à voir avec la mort, avec la décomposition, avec la lente, l’immonde putréfaction des corps et des viscères gorgés d’eau. Elle sent cette odeur mais étrangement elle ne cherche pas à l’éviter. Au contraire, elle se force à la respirer à pleins poumons, à s’en laisser pénétrer, et elle se dit que, peut-être, ce sont précisément ces relents tenaces qui la retiennent ici, au chevet du dormeur.
En effet, elle n’a plus de doutes à présent, c’est bien cette odeur dont il est imprégné qui l’empêche de s’en aller, de partir, de rejoindre le monde des vivants, là-bas, au-delà de l’enceinte de l’hôpital.
Maintenant, l’effroi est passé. Il n’y a plus de cris, plus de gémissements. Le calme est revenu, un calme fragile, éphémère mais onctueux, et le marcheur sans papiers, sans identité, sans paroles, sans âge précis, peut sommeiller dans le lit de la chambre 22, au second étage de l’hôpital.
Extrait du roman Ce Silence-là.
Premières pages.
Editions Demeter.